Cet article fait partie de ma série sur les pensées intrusives.
Les pensées intrusives se nomment aussi les obsessions, l’un des symptômes principaux du trouble obsessionnel compulsif (TOC).
Elles prennent la forme de pensées, d’images statiques ou mouvantes, de peurs, de doutes, d’impression et même de sensations.
Les obsessions suscitent beaucoup de souffrance, notamment de l’anxiété.
Dans cet article, je vais vous expliquer ce sur quoi il est véritablement important de vous concentrer pour vous libérer de vos pensées intrusives.
Les personnes qui souffrent de TOC accordent une très grande importance à leurs pensées intrusives, car ces dernières les dérangent et les inquiètent.
Cette importance découle des symptômes du TOC lui-même et constitue l’un de ses pièges.
Pourtant, vos pensées intrusives, aussi dérangeantes ou même terrifiantes qu’elles soient, ne sont pas importantes et ne signifient rien en général ni rien sur vous en particulier.
Elles ne sont qu’un symptôme du TOC: les obsessions.
Mais si vous portez attention au contenu de vos pensées elles-mêmes, si vous les analysez sans cesse et vous posez une foule de question à leur sujet, il s’agit d’un autre symptôme important du TOC: les compulsions.
La nature de ces symptômes vous porte à donner naturellement une très grande importance à vos pensées, donc aux sujets sur lesquels elles portent.
Vous les décortiquez, vous vous demandez pourquoi vous avez ces pensées en particulier, etc.
Mais si vos pensées ne sont pas importantes parce qu’elles ne sont qu’un symptôme du TOC, les sujets sur lesquels elles portent ne sont pas davantage importants.
Oui, vous m’avez bien lu.
Même si vos pensées intrusives portent sur votre orientation sexuelle, sur la peur de devenir fou, de perdre le contrôle et de réaliser des actes horribles, comme faire du mal aux autres ou à vous-même, quels que soient leurs sujets, ils ne sont pas importants!
Je ne suis pas en train de minimiser votre souffrance ni de dire que ce que vous vivez à travers le TOC n’est pas important.
Je sais que vous souffrez.
Et c’est justement pour vous aider à aller mieux que vous devez comprendre que vos pensées sont imaginées et qu’elles ne représentent aucun danger.
Encore une fois, elles ne sont qu’un symptôme et non la réalité.
Ainsi, malgré toutes les questions que vous vous posez à leur sujet et toute l’inquiétude que vos pensées suscitent, la seule conclusion constructive à considérer est celle-ci:
Vos pensées intrusives sont causées par le TOC, et pour aller mieux, vous devez traiter ce trouble car vous êtes actuellement seulement pris dans ses symptômes.
Ainsi, puisque vos pensées ne sont qu’un symptôme et qu’elles ne signifient rien ni n’ont d’importance, il est absolument inutile de vous concentrer sur leur contenu.
Analyser le contenu et les sujets de vos pensées augmente même leur fréquence et leur intensité puisque cette «analyse» est une compulsion, un autre symptôme important.
Pourtant, nombreuses sont les personnes qui en souffrent et qui s’attardent constamment aux thèmes de leurs pensées.
C’est ainsi que vous vous posez peut-être une foule de questions comme:
- Pourquoi je pense à cela?
- Dans le cas du TOC de phobie d’impulsion, les personnes qui en souffrent se demandent si leurs pensées peuvent les porter à passer à l’acte et à commettre l’irréparable.
- Dans le cas du TOC de la peur d’être homosexuel, les personnes qui en souffrent se demandent si leurs pensées signifient qu’elles ont changé d’orientation sexuelle ou que leur homosexualité est refoulée.
- Les personnes qui souffrent de jalousie maladive (obsessionnelle) donnent du crédit aux doutes constants qu’elles ont au sujet de la fidélité de leur partenaire.
- Les hypocondriaques donnent du crédit à leurs doutes à l’effet qu’ils pourraient souffrir de telle ou telle maladie.
- Etc.
Tous ces questionnements ont en commun le fait de s’attarder aux sujets des pensées et des doutes eux-mêmes au lieu de les voir comme des symptômes à traiter.
Mais si vous me faites confiance quand je vous dis que ces pensées intrusives ne sont que des obsessions, un symptôme du TOC, et que vous devez apprendre à les voir autrement pour vous en libérer, voici qui devrait vous intéresser.
Vous devez savoir que le TOC fonctionne globalement de la même manière pour tout le monde, peu importe le sujet des pensées.
C'est-à-dire que toutes les obsessions, peu importe leur contenu, partagent un certain nombre de caractéristiques qui permettent justement de les identifier en tant que symptômes du TOC.
Par exemple, les obsessions du TOC sont source d’anxiété et les personnes qui en souffrent y réagissent par des compulsions, c'est-à-dire des actions physiques ou mentales répétées qui visent à réduire cette anxiété.
Mais puisque les pensées intrusives et les doutes ne sont qu’un symptôme et ne représentent pas la réalité, si vous désirez aller mieux, vous devez concentrer vos efforts à comprendre comment fonctionnent vos obsessions plutôt que de vous concentrer sur les sujets sur lesquels elles portent et qui ne sont pas importants, ni dangereux, ni ne signifient quoi que ce soit.
Vous devez donc vous intéresser à leurs caractéristiques générales plutôt qu’à leurs sujets.
Car pour traiter le TOC, vous devez apprendre à identifier correctement vos obsessions et vos compulsions.
Je parle aussi beaucoup des compulsions dans ma série d’articles sur le sujet, que je vous invite fortement à lire.
Ainsi, au lieu de réagir au piège du TOC qui vous fait vous inquiéter de vos pensées et analyser ce sur quoi elles portent, vous pouvez vous concentrer sur leurs caractéristiques et prendre conscience qu’il s’agit d’obsessions, d’un simple symptôme, et non d’un problème inquiétant ou d’un danger.
Cette manière de procéder est plus constructive car, puisque les sujets de vos obsessions peuvent prendre autant de formes que permet l’imagination, vous comprenez que vos pensées, tout comme leurs sujets, peuvent évoluer et changer.
Cela revient un peu à essayer d’attraper de la fumée avec vos mains.
C’est impossible et inutile.
De surcroît, les personnes qui souffrent de TOC peuvent être touchées par des obsessions qui portent sur des sujets différents simultanément ou successivement.
C’est pourquoi le fait d’apprendre les caractéristiques communes à toutes les obsessions vous permet d’identifier vos pensées en tant que symptôme du TOC que vous pouvez traiter, au lieu de répéter la compulsion d’analyser leur contenu pour vous rassurer, ce qui ne fait qu’entretenir et empirer le problème.
Voici donc ces caractéristiques importantes des obsessions en général, peu importe leurs thèmes, sur lesquels vous concentrer pour les identifier et ensuite les traiter:
1. Les obsessions sont intrusives par nature.
Elles apparaissent spontanément à l’esprit, sans effort ou intention de votre part, et elles reviennent encore et encore de manière soudaine et involontaire.
2. Les obsessions sont indésirables.
En d’autres mots, elles vous dérangent et vous ne voulez pas les avoir.
3. La troisième caractéristique, conséquence de la précédente, est qu’elles impliquent de la résistance.
Vous vous battez contre vos obsessions (rumination mentale).
Vous tentez de les éliminer ou de les prévenir.
Vous évitez les situations que vous pensez qui les suscitent ou vous y répondez en réalisant des compulsions, ces actions physiques ou mentales qui visent à réduire l’anxiété que les obsessions génèrent.
4. Les obsessions sont incontrôlables.
Vous n’arrivez donc pas à exercer de contrôle sur ces pensées, ces peurs, ces doutes, etc. pour vous en débarrasser.
5. Comme je vous en parlais plus haut, vos obsessions attirent votre attention.
Vous avez donc beaucoup de difficulté à les ignorer lorsqu’elles se manifestent.
6. Et enfin, vos obsessions vous font vous sentir mal de différentes manières.
Elles sont désagréables, elles vous dérangent et elles vous font souffrir en suscitant différentes émotions négatives, comme de l’anxiété.
Si vous souffrez de TOC, il est donc très important de mémoriser ces six caractéristiques car elles vous permettent d’identifier les obsessions lorsqu’elles vous touchent, et cela, quels que soient leurs thèmes.
En vous concentrant sur ces caractéristiques, l’objectif est de vous permettre de voir que vos obsessions ne sont qu’un symptôme du TOC et qu’elles n’ont rien de dangereux.
Il est donc inutile de leur accorder de l’attention ni d’analyser la raison de leur survenue ou leur signification.
Cette stratégie vous aide à vous en détacher et à réduire l’anxiété qui y est associée.
Le fait de changer votre manière de percevoir vos obsessions participe de la partie dite «cognitive» du traitement parce que cela vous aide à les voir comme un simple symptôme inoffensif et non comme ce que vous redoutez peut-être actuellement.
La conséquence positive de ce changement dans la manière de voir vos pensées est double.
D’une part, vos obsessions vous dérangent moins et suscitent moins leurs désagréments habituels, notamment l’anxiété.
D’autre part, vous devenez efficace pour les identifier, ce qui vous permet d’apprendre ensuite à leur appliquer le traitement d’exposition avec prévention de la réponse qui vous permet de vous en désensibiliser progressivement et vous aide à les voir revenir de moins en moins souvent.
Mes meilleures ressources pour vous aider en ce sens sont mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:
Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Mais il est aussi recommandé de consulter.
Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.
Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.
Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.
Il faut cependant prendre le temps de comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce type particulier de trouble.
J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.
Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!
Bernard a écrit
Bonjour Nicolas,
J’ai votre programme qui m’aide beaucoup. J’ai des pensées intrusives agressives sexuelles idiotes. Ça ressemble à la phobie d’impulsion. J’ai écouté vos vidéos et cela m’a bien servi. J’ai essayé de m’en faire rentrer volontairement en faisant de l’humour. Les involontaires, je fais pareil et il m’arrive de rire à table avec une qui me revient souvent: la fourchette dans la main ou la main sur les cuisses de ma voisine. Ça marche pas mal et ça dédramatise et l’humour m’évite l’augmentation du stress si désagréable. Le matin au levé je me dis: «Combien je vais écraser de cyclistes aujourd’hui encore», toujours avec humour. Que pensez-vous de ma façon de faire.
Merci Nicolas, je vous dois beaucoup et j’ai compris que tout viens de l’anxiété.
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour Bernard,
Tout d’abord, je suis très heureux que mon programme vous soit utile pour faire reculer vos pensées intrusives.
Votre stratégie est intéressante dans la mesure où l’humour vous aide à ne pas tomber dans le piège du TOC qui consiste à porter attention aux pensées parasites qui ne sont pourtant que du «bruit» et à ne pas vous en inquiéter. Je vous conseille cependant de bien prendre le temps de réaliser toutes les étapes de mon programme qui, à travers les exercices de la thérapie d’exposition avec prévention de la réponse qu’il présente, vous permettra de désensibiliser votre cerveau de ses peurs et de sa tendance à réagir à vos pensées intrusives.
Je vous souhaite le meilleur.