La compulsion de vous poser mille questions sur votre situation

Cet article fait partie de ma série qui porte sur les compulsions dans le trouble obsessionnel-compulsif (TOC).

Il va me permettre de répondre à une question qui va peut-être vous surprendre: pourquoi vous posez-vous autant de questions sur ce que vous vivez?

Cette question paraît anodine, mais si vous souffrez de TOC, je suis sûr qu’elle reflète ce que vous vivez chaque jour, et cela n’est pas un hasard.

Le trouble obsessionnel-compulsif implique, au cœur de ses symptômes, des peurs, des inquiétudes et des doutes.

Ce sont les obsessions, le premier type de ses principaux symptômes.

Vos obsessions prennent la forme de pensées intrusives source d’inquiétudes, de peurs, de doutes, etc.

Ces obsessions vous portent donc à vous poser une infinité de questions.

Par exemple, vous vous demandez si vous êtes normal ou si ce que vous vivez relève vraiment du TOC.

Vous pouvez aussi vous demander si vos pensées signifient vraiment ce qui vous inquiète.

Et aussi paradoxal cela puisse paraître, vous vous demandez même peut-être s’il est inquiétant que vos pensées ne vous inquiètent plus…

Et des questions, j’en ai vu de toutes les sortes dans les commentaires de mes vidéos et sous les articles de mon site.

Je comprends que vous vous les posiez puisqu’elles sont l’expression des autres symptômes principaux du TOC: les compulsions.

Cette compulsion qui consiste à vous poser un nombre incalculable de questions est d’ailleurs directement liée à la compulsion qui consiste à analyser et à chercher à «comprendre».

Mais ce que vous ignorez probablement, c’est que ces fameuses questions recèlent un véritable piège.

Pour identifier ce piège, vous devez vous attarder aux raisons pour lesquelles vous vous posez ces questions aussi souvent.

Vous constaterez que, dans l’immense majorité des cas, ces questions visent à vous rassurer.

Vous n’en avez peut-être pas conscience, mais les doutes et les inquiétudes qui se bousculent dans votre esprit vous font ne vous demander qu’une chose: qu’ils se taisent, car ils sont source d’anxiété et de souffrance.

Et la chose qui vous semble la plus évidente et accessible pour y parvenir est de vous rassurer.

Vous vous posez donc de multiples questions et vous tentez d’y répondre de nombreuses manières.

Vous faites des recherches sur Internet, vous consultez des groupes, vous commentez des articles et des vidéos sur le sujet comme sur mon site et ma chaine YouTube en espérant obtenir des réponses, vous demandez à vos proches de vous rassurer.

Cela ne finit jamais.

Plusieurs personnes me posent même des questions qu’elles avaient déjà posées à leur psychologue, qui leur avait évidemment bien répondu.

Cela signifie que même si leur psychologue leur avait donné une réponse satisfaisante qui les rassurait, ces personnes continuaient de douter et me posaient la même question.

Autrement dit, elles doutaient même de ce que leur disait la personne la plus compétente pour les aider et pour leur dire la vérité.

Je répondais à ces personnes que leur psychologue avait raison et qu’elles devaient lui faire confiance et s’y référer.

Puisque je ne fais pas de consultation, je n’avais pas l’occasion de leur expliquer ce que je prends le temps de vous expliquer ici.

C’est ainsi que vos doutes reviennent, et vos questions aussi.

Alors le besoin de vous rassurer ne se tarit jamais.

C’est la raison pour laquelle je vous invite à porter attention aux intentions derrière vos questions et vous constaterez que, dans l’immense majorité des cas, vos questions visent spécifiquement à vous rassurer.

Car vos questions sont en fait des compulsions, un symptôme du TOC.

En d’autres mots, très peu de ces questions sont de vraies questions.

Retenez bien cette astuce: si une question que vous vous posez vise à vous rassurer, ce n’est pas une question mais une compulsion.

Et le TOC est habile et insistant!

Il vous fera douter et croire que vous voulez simplement obtenir une information, pour apprendre par exemple.

Mais vous avez toujours une autre question mais si vous pensiez que la précédente était la dernière.

Alors si vous vous demandez honnêtement quel est l’objectif de vos questions, vous verrez que cette quête d’informations ou d’apprentissages vise à vous rassurer et à réduire vos peurs, vos doutes et votre anxiété.

Ce sont donc bien des compulsions, et non pas d’anodines questions.

Je vous rappelle la définition des compulsions.

Ce sont des comportements physiques ou mentaux répétés qui visent à soulager l’anxiété et la souffrance liée aux obsessions, donc liée à vos peurs et à vos doutes, mais qui ont l’effet inverse: ils entretiennent et empirent vos peurs et votre anxiété.

Alors même si les compulsions, comme le fait de vous rassurer en vous posant mille et une questions semble vous faire du bien, ne vous laissez pas berner par le TOC: cela fait partie intégrante du piège de ses symptômes et c’est cela, spécifiquement, qui entretient vos peurs et votre souffrance.

Autrement dit, le TOC vous fait croire que vos compulsions vous aident alors qu’elles ne font qu’empirer les choses.

Le meilleur traitement contre le TOC se nomme l’exposition avec prévention de la réponse.

Et la seconde composante de ce traitement, la prévention de la réponse, consiste justement à cesser les compulsions.

Car tant que vous les répétez, vous entretenez l’hypersensibilité de votre cerveau face à vos peurs et à vos doutes et vous entretenez et empirez le problème.

C’est ainsi qu’en cherchant des réponses pour tenter de réduire votre anxiété et faire taire vos peurs et vos doutes, vous ne réglez pas le problème: vous l’empirez!

Par exemple, une personne qui souffrait du TOC de phobie d’impulsion s’est déjà demandé comment distinguer une envie véritable de passer à l’acte d’une pensée inoffensive.

Mais elle n’avait pas conscience que l’objectif de sa question était de se rassurer à l’effet que ses pensées n’allaient pas la faire passer à l’acte et commettre l’irréparable, une peur très présente dans ce type de TOC.

Dans la phobie d'impulsion, il n'y a aucune envie réelle de passer à l’acte. 

Ce sont des impressions imaginées qui sont les premiers symptômes principaux du TOC: les obsessions.

En cherchant des réponses à ses peurs pour se rassurer que ses pensées étaient bien des pensées et non des envies, cette personne répétait sans le savoir une compulsion qui empirait son état.

Si vous souffrez de TOC, vous devez savoir que les symptômes (le cycle obsessions, compulsions, obsessions, compulsions, etc.) est sans fin.

Ce cycle de symptômes tourne en boucle à l’infini.

C'est la raison pour laquelle le fait de vous poser des questions pour vous rassurer fait partie intégrante des symptômes et, loin de vous aider, cela vous maintient dans le piège de ce cycle incessant.

Pour en sortir, vous devez changer complètement d’approche, car ce que vous faites actuellement revient probablement à simplement subir les symptômes du TOC sans vous en apercevoir, notamment à travers cette fameuse compulsion de vous poser sans cesse des questions.

Vous devez donc apprendre comment fonctionne le TOC.

Vous devez pouvoir identifier vos symptômes, les obsessions et les compulsions qui sont insidieuses car il est très difficile de constater que vous les vivez.

Pour sortir du piège du TOC et de ses symptômes, la chose la plus constructive que vous pouvez faire consiste à apprendre à appliquer le traitement d’exposition avec prévention de la réponse, comme je l’explique en détail dans mon programme Web vidéo.

Vous saurez ainsi qu’il est fondamental d’arrêter de tenter de répondre aux questions qui visent à vous rassurer, car vous perdez votre temps et, surtout, vous entretenez votre souffrance à travers cette compulsion.

La bonne option pour aller mieux n'est donc pas de chercher des critères ou des informations pour vous rassurer, car ces recherches entretiennent vos peurs et vos doutes.

Au contraire, le traitement vous permettra d'apprendre à désensibiliser progressivement votre cerveau de vos peurs, pour que les pensées intrusives, les doutes et l’anxiété vous fassent de moins en moins souffrir.

Mes meilleures ressources pour vous aider en ce sens sont mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:

• Module pour guérir la phobie d’impulsion;
• Module sur le TOC de la peur d’être homosexuel.

Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.

Mais il est aussi recommandé de consulter.

Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.

Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.

Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.

Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.

Il faut cependant faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce trouble.

J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.

Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!