Si vous souffrez (ou pensez souffrir) de dysmorphophobie, il est probable que vous désiriez mieux comprendre ce problème particulier.
Cet article détaillé vous permettra non seulement de comprendre en quoi ce trouble consiste mais il vous aidera à savoir si vous en souffrez.
Vous découvrirez aussi quel est le meilleur traitement disponible pour vous aider dès maintenant.
En quoi consiste la dysmorphophobie?
La dysmorphophobie, ou trouble de dysmorphie corporelle, est un trouble à travers lequel une personne ne cesse de penser à un ou plusieurs défauts ou imperfections qu’elle identifie dans son apparence physique.
Ce ou ces défauts (ou imperfections) paraissent comme étant mineurs ou inexistants pour les autres.
Mais pour la personne qui souffre de dysmorphophobie, ces défauts ont une très grande importance.
Concrètement, cela signifie qu’elle se sent honteuse et embarrassée.
En conséquence, elle est anxieuse à l’effet que les autres puissent s’en apercevoir et elle va jusqu’à éviter les contextes sociaux pour réduire l’incidence de ces malaises et de son anxiété.
La dysmorphophobie appartient à la catégorie des «Troubles obsessionnel-compulsif et connexes» dans le DSM-5.
Si ce TOC touche plus rarement les enfants, en plus des adultes, il peut toucher les adolescents.
Comme les autres troubles obsessionnels-compulsifs, cela signifie qu'elle possède deux composantes qu’il est important de bien comprendre pour la traiter efficacement.
1. Les obsessions associées au trouble de dysmorphie corporelle
Si vous souffrez de dysmorphophobie, vos préoccupations des imperfections et des défauts que vous avez identifiés sur votre corps sont de nature obsessionnelle.
Vous vous concentrez intensément sur votre apparence et votre image corporelle.
Ces préoccupations, ces pensées intrusives et ces doutes sont des obsessions qui sont la source première de l’anxiété et de la souffrance générées par le TOC.
Voici un article détaillé qui vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement des obsessions.
2. Les compulsions
Les compulsions sont la seconde composante incontournable du trouble obsessionnel-compulsif.
Elles sont des actions répétées qui visent à réduire l’anxiété causée par les obsessions.
Voici des exemples de compulsions qui se manifestent dans la dysmorphophobie:
- Se regarder souvent dans le miroir pour vérifier si on a des imperfections, entre autres;
- Se soigner continuellement (se faire belle/beau);
- Chercher à se rassurer au sujet de ses «défauts»: faire des recherches sur Internet, lire des livres, consulter les autres, etc.
- Etc. (je présente plus d’exemples de compulsions dans le test de dysmorphophobie ci-dessous).
Par définition, les compulsions prennent beaucoup de place dans la vie et sont lourdes à porter car elles peuvent accaparer pendant plusieurs heures chaque jour.
Voici un article détaillé qui vous permettra de mieux comprendre le fonctionnement des compulsions.
En résumé, c’est la perception de ces défauts (obsessions) qui augmente l’anxiété et suscite les comportements répétés pour soulager cette anxiété (compulsions).
Ensemble, les obsessions et les compulsions sont la source de la souffrance dans la dysmorphophobie.
Ces symptômes peuvent aller jusqu’à nuire gravement à la qualité de vie au quotidien et empêcher de réaliser correctement ses activités.
Et malheureusement, même si les stratégies «cosmétiques» que vous avez peut-être trouvées pour cacher ces «défauts» peuvent procurer un soulagement temporaire, l’anxiété revient et tout est toujours à recommencer.
En effet, le trouble obsessionnel-compulsif, à travers ses nombreuses expressions comme la dysmorphophobie, ne disparaît pas de lui-même si aucun traitement n’est réalisé.
Mais la bonne nouvelle, c’est qu’il existe des traitements qui sont très efficaces pour aider à guérir de ce trouble, et je vous en parlerai plus loin dans cet article.
Un test pour vous aider à savoir si vous souffrez de dysmorphophobie
Vous vous demandez sûrement si vous souffrez de dysmorphophobie.
Si c’est le cas, cette section vous aidera à répondre à cette question.
Bien sûr, elle n’a pas de prétention diagnostique, un acte réservé aux psychologues et aux psychiatres lors de la consultation en personne.
Mais le test qui suit vous aidera à savoir s’il est possible que vous en souffriez.
Test de dysmorphophobie
Il s’agit d’un test simple.
Vous trouverez ci-dessous une liste de symptômes courants de la dysmorphophobie.
Plus un nombre élevé de ces éléments s’appliquent à vous et plus ce trouble risque de vous toucher:
- Avoir une préoccupation très importante pour son apparence physique (cette préoccupation peut être similaire à ce qui se manifeste dans la boulimie et l’anorexie avec lesquelles la dysmorphophobie peut parfois être confondue);
- Se regarder très souvent dans le miroir (ou regarder spécifiquement certaines parties de son corps);
- Au contraire, éviter les miroirs pour ne pas se voir;
- Avoir une vision déformée de différentes parties de son corps et/ou voir comme importantes de petites imperfections (parties du corps fréquemment concernées: nez, peau, cheveux et perte de cheveux, boutons et acné, grains de beauté ou taches de rousseur, taille ou apparence des muscles, de la poitrine, des parties génitales, etc.);
- Passer beaucoup de temps à soigner son apparence de différentes manières mais en obtenant peu ou pas de résultats satisfaisants;
- Porter beaucoup de maquillage ou des vêtements pour camoufler ses imperfections corporelles;
- Se gratter la peau compulsivement;
- Être constamment à l’affût de soi-même et de son apparence;
- Comparer fréquemment son apparence à celle des autres;
- Croire que les défauts de son apparence rendent nécessairement laid;
- Croire que les autres portent une attention particulière à son apparence et de manière négative;
- Éviter des situations relationnelles et sociales, refuser d’apparaître dans les photos, etc.
- Dans certains cas, recourir de manière excessive à la chirurgie esthétique.
Évidemment, cette liste de symptômes est générale et il se peut que les vôtres soient différents ou constituent des variations de ces exemples.
En effet, le nombre de possibilités, sans être infini, est très grand, et il est impossible d’en faire une liste exhaustive ici.
Je vous ai donc fourni les signes les plus généraux et typiques de la dysmorphophobie pour réaliser ce petit test.
Cela vous permet de cerner l’expression générale des symptômes.
Vous pouvez de votre côté utiliser ces exemples pour voir si les autres symptômes qui vous touchent sont du même type.
Les causes de la dysmorphophobie
Je ne développerai pas les causes de la dysmorphophobie ici: en effet, en tant que trouble obsessionnel-compulsif, ses causes sont les mêmes que les autres expressions du TOC.
Elle implique notamment un haut niveau d’anxiété et même de l’anxiété généralisée.
Cette anxiété est un terreau fertile à l’apparition des symptômes (doutes et préoccupations au sujet de son corps et de son apparence et compulsions pour diminuer l’anxiété).
Si vous désirez en apprendre davantage sur les causes, je vous invite à lire mon article détaillé qui présente l’origine et le fonctionnement du TOC.
En effet, bien connaître son fonctionnement vous aidera ensuite à savoir sur quoi vous concentrer pour traiter le problème.
Car pour vous en libérer, vous devez identifier d’où vient ce problème et comment vous l’entretenez vous-même sans le savoir.
Mais continuez votre lecture car je fournis aussi d’autres explications sur ce sujet dans ce qui suit.
Mieux comprendre la dysmorphophobie
Puisque cet article porte spécifiquement sur la dysmorphophobie, avant d’aborder son traitement, je vais vous fournir plus de détails à son sujet.
Pour les personnes qui n’en souffrent pas, la dysmorphophobie semble un mystère parce qu’elles ne voient pas les «laideurs» ou les imperfections comme les personnes qui en souffrent.
Si les autres voient un défaut ou une imperfection, ils la considèrent au pire mineure et peu importante.
Pour mieux illustrer l’expression de ce trouble et son fonctionnement, voici un exemple.
Le nom de celle qui souffre de dysmorphophobie dans cet exemple fictif sera Julie.
Julie passe des heures chaque jour devant le miroir pour se considérer suffisamment belle et arriver à sortir.
Et malgré ses efforts, elle échoue souvent à se satisfaire et elle reste chez elle.
Elle passe des heures devant son miroir, fixant ses cheveux, cela lorsqu’elle ne reste pas dans son lit à déprimer.
Elle a perdu ainsi près de dix ans de sa vie.
Ce qu’elle craint le plus, c’est d’être laide.
En effet, la source des obsessions dans le TOC se nomment les «conséquences redoutées».
Alors la raison des compulsions de Julie, dans cet exemple de dysmorphophobie, est que les autres la trouvent laide.
Plus précisément, la partie de son corps dont elle est la plus insatisfaite se concentre sur ses cheveux.
Et comme de nombreuses autres personnes qui souffrent de dysmorphophobie, ce qui sous-tend la peur d’être laide est la peur que les autres la rejettent.
Pour sortir de cet enfer, Julie devra changer de perspective.
Comme pour le traitement des autres expressions du trouble obsessionnel-compulsif, son objectif ne sera pas de se convaincre que ses cheveux sont parfaits ou qu’elle est fondamentalement belle.
Ce n’est pas de cette manière que le TOC (donc la dysmorphophobie) peut être traité.
C’est ce que nous allons voir dans la suite de cet article.
Pour le moment, retenez que cet exemple de «Julie» ne présente évidemment pas la seule manière possible dont la dysmorphophobie peut s’exprimer.
Il peut donc y avoir de nombreuses autres expressions du trouble qui diffèrent de cette étude de cas.
L’objectif était d’illustrer globalement le problème pour que vous ayez une perspective d’ensemble de ce à quoi il peut ressembler.
Comment traiter la dysmorphophobie
Tout d’abord, en tant que trouble obsessionnel-compulsif, la dysmorphophobie partage les mêmes causes et les mêmes solutions avec les autres expressions de ce problème.
Voici d’abord un article pour découvrir la base du traitement du TOC, de manière générale.
L’objectif du traitement de la dysmorphophobie est d’apprendre à vivre et à être bien, peu importe votre apparence ou à la manière dont vous pensez que les autres vous voient.
Il s’agit de la dimension «cognitive» du traitement.
En effet, dans le TOC, la souffrance provient beaucoup de la manière de percevoir et d’interpréter l’objet des obsessions et les peurs qu’elles impliquent.
Les explications qui suivent visent justement à vous aider à changer votre perspective en ce sens.
Vous vous sentez peut-être laid(e) et il y a peut-être des imperfections que vous êtes incapable de tolérer.
Mais rappelez-vous que c’est précisément cela qui nuit gravement à votre quotidien et vous empêche de vivre.
Vous ne le savez peut-être pas, mais le fait d’aimer notre apparence est plutôt rare.
En effet, la plupart des gens ne sont pas satisfaits de leur apparence de nombreuses manières et ils pourraient même vous faire la liste de tous leurs défauts si vous leur demandiez.
Certaines femmes ne sortent pas de la maison sans se maquiller, par exemple, et elles ne souffrent pas de dysmorphophobie pour autant.
Et quand une personne dit qu’elle «paraît bien», elle veut habituellement dire qu’elle est plus satisfaite de son apparence qu’à l’habitude, pas qu’elle trouve son apparence parfaite.
C’est aussi mon cas.
Je suis loin de me trouver parfait physiquement et je pourrais vous dire tous les défauts que je n’aime pas de mon corps.
Mais comme la plupart des gens, je vis avec mes imperfections.
Une des raisons pour lesquelles nous ne sommes pas heureux de notre apparence vient du fait que nous ne nous voyons pas de la même manière que nous voyons les autres.
Quand nous regardons les autres, nous les voyons en tant que ce qu’ils sont: des êtres humains en entier.
Par exemple, nous ne regardons pas seulement le nez mais voyons le visage comme un ensemble.
Au contraire, lorsque nous nous regardons, nous nous concentrons facilement sur certaines parties très précises de notre corps.
C’est pourquoi une marque sur votre visage vous paraîtra BEAUCOUP PLUS visible qu’une marque similaire sur le visage de quelqu’un d’autre.
Vous pouvez trouver laid n’importe qui en procédant de la même manière: en analysant chaque détail de son visage, par exemple.
En fait, certaines personnes qui souffrent de trouble obsessionnel-compulsif expriment une sorte de dysmorphophobie inversée.
Au lieu de voir les imperfections sur elles-mêmes, ces personnes se concentrent sur les imperfections de leur partenaire et en deviennent obsédées.
Il s’agit d’une variation de ce qui peut parfois entrer dans l’expression de ce que l’on nomme le TOC du couple, même si ce dernier consiste surtout à douter de son amour pour son partenaire.
Une autre fausse croyance qui nourrit la dysmorphophobie impliquerait que nous ne jugions pas l’apparence des autres de manière claire et uniforme.
Par exemple, si 50 personnes que vous ne connaissez pas avaient à juger votre apparence, certaines personnes la jugeraient plus positive que d’autres.
De la même manière, pouvez-vous nommer une seule personne que tout le monde trouve universellement belle?
Impossible.
Même les vedettes de cinéma et les mannequins, qui sont habituellement reconnues pour être de belles personnes, ne sont pas considérées toujours belles par tout le monde.
Alors même si vous avez un jugement très clair et catégorique à propos de votre propre apparence, rappelez-vous que de nombreuses personnes vous trouveront probablement plus beau/belle que ce que vous pensez de vous-même.
Et si votre dysmorphophobie se concentre sur des imperfections plus précises, dites-vous bien que la plupart des autres ne les voient même pas.
Évidemment, changer sa perception de soi-même, surtout quand elle implique des obsessions et de l’anxiété, n’est pas si facile.
C’est pourquoi il s’agit de la première étape du traitement, de sa base en quelque sorte qui aide à passer à l’étape suivante.
Dans son livre, le docteur Jonathan Grayson, un grand spécialiste du traitement du TOC, relate son travail avec une mannequin qui pratiquait la course de fond.
Cette mannequin souffrait de dysmorphophobie et se plaignait combien elle trouvait ses cuisses grasses.
Comme vous l’imaginez, en tant que mannequin et athlète, elle n’avait aucun surplus de poids.
L’objectif du docteur Grayson n’a donc pas été de la convaincre que ce qu’elle croyait au sujet de ses cuisses était faux.
Cette dernière y voyait un défaut et il ne pouvait pas modifier sa perception de ce défaut, même en thérapie.
Il en va de même pour vous.
L’objectif du travail avec la dimension cognitive n’est pas de vous faire changer d’avis à propos de votre apparence.
Cependant, peut-être pouvez-vous simplement acquiescer à ceci:
Tout le monde n’aura pas nécessairement le même jugement à votre égard que celui que vous avez pour vous-même, tout comme vous ne trouveriez probablement pas non plus la mannequin de cet exemple particulièrement grasse des cuisses.
Pour vous aider, comme le suggère Grayson, si vous avez l’occasion de rencontrer d’autres personnes qui souffrent de dysmorphophobie, cela peut être une occasion d’échanger et de constater que les autres ne partagent pas la même perception de votre apparence que vous.
Le fait d’accepter la possibilité que les autres ne vous voient pas comme vous vous voyez implique une étape importante pour vous aider à vous libérer de la dysmorphophobie:
Vous pouvez profiter de la vie peu importe à quoi vous ressemblez, que vous appréciiez votre apparence ou pas.
Mais peut-être croyez-vous que cet objectif pour vous aider à améliorer les choses est bon pour les autres mais pas pour une personne qui a des «imperfections» comme les vôtres?
C’est ici que vous vous trompez.
Car même si vous aviez été gravement défiguré(e) à la suite d’un accident de la route, par exemple, l’objectif de pouvoir vivre une vie normale et de sortir resterait tout aussi pertinent.
Le docteur Grayson dit que cet exemple a eu un effet puissant sur la mannequin car elle-même avait une amie qui avait perdu une jambe et qui pourtant profitait d’une vie heureuse, était en couple et portait des shorts l’été et un maillot de bain à la plage.
Malgré son handicap important, cette amie avait décidé de profiter de sa vie même avec une seule jambe.
Il pouvait en être de même pour elle. Il peut aussi en être de même pour vous.
Peu importe ce que vous pensez de votre apparence, vous avez le droit de vivre une vie libre et épanouie.
Mais nous n’allons pas nous arrêter ici, car je suis loin d’en avoir terminé avec les solutions, et le meilleur est à venir.
Pour le moment, si vous désirez approfondir cet aspect «cognitif» du traitement, j’ai créé deux excellentes ressources pour vous aider:
1. Mon livre (ebook) pour vous libérer des pensées intrusives et indésirables.
Comme les autres TOC, la dysmorphophobie implique des pensées obsessionnelles (dans ce cas, sur votre apparence et vos imperfections).
Ce sont ces pensées qui vous empoisonnent la vie et génèrent beaucoup d’anxiété.
Mon livre vous permettra non seulement de comprendre ces pensées mais il vous aidera à les voir différemment et, surtout, il présente des stratégies très efficaces pour vous en libérer.
Il a déjà aidé un grand nombre de personnes et je reçois régulièrement des mots de remerciement de la part de mes lecteurs.
2. Mon livre (ebook) sur le lâcher prise
Mon livre sur le lâcher prise contient une panoplie de stratégies complémentaires au livre sur les pensées intrusives et il vous aidera à avancer dans la bonne direction.
Vous libérer de la dysmorphophobie grâce à la méthode d’exposition avec prévention de la réponse
Comme les autres expressions du trouble obsessionnel-compulsif, la dysmorphophobie vole du bonheur et de nombreuses heures de votre vie en vous faisant réaliser diverses compulsions (ou «rituels»).
Je vous ai déjà donné plusieurs exemples de ces rituels, comme se regarder continuellement dans le miroir ou se préparer longuement avant de sortir.
L’objectif principal en réalisant ces compulsions est de diminuer l’anxiété et de se rassurer ou espérer cacher ses imperfections.
Mais malgré vos efforts, vous continuez probablement à penser à ces imperfections et à les voir.
C’est ici qu’entre en scène le traitement le plus efficace pour vous libérer du trouble obsessionnel-compulsif comme de la dysmorphophobie: l’exposition avec prévention de la réponse.
Comme pour le recadrage cognitif que je vous ai présenté, ce traitement a été développé en thérapie cognitivo-comportementale (TCC).
Son objectif est de vous aider à tolérer la réponse anxieuse associée à vos obsessions pour la faire diminuer progressivement et réduire, par la même occasion, la présence des obsessions qui vous font souffrir.
Voici quelques mots sur ses deux composantes:
1. L’exposition: vous vous exposez progressivement à ce que vous redoutez en relation à vos obsessions (pour diminuer la réponse anxieuse très forte que vous vivez actuellement, jusqu’à la faire disparaître).
2. La prévention de la réponse: vous vous retenez de réaliser vos compulsions qui entretiennent le TOC et l’empirent.
Mais dans certains cas, ces deux étapes se combinent dans la réalisation du traitement.
Par exemple, c’est le fait de ne pas réaliser une compulsion (prévention de la réponse), comme ne pas passer des heures à vous préparer avant de sortir, qui vous aidera à vous exposer ensuite à ce qui vous fait peur (comme les obsessions relatives à la peur de mal paraître).
Pour réaliser ce traitement, vous devrez donc agir normalement en permettant/tolérant à votre apparence de présenter les imperfections que vous lui trouvez.
Par exemple, si une compulsion importante est de vous préparer longuement avant de sortir (maquillage, coiffure, vêtements, etc.), les étapes du traitement par exposition consisteront à y consacrez de moins en moins de temps qu’à l’habitude.
Vous pourrez aussi retirer certaines composantes de votre préparation.
Par exemple, pour une femme, cela consisterait à ne s’occuper que de sa coiffure mais sans se maquiller.
À un certain point du traitement, vous pourrez même sortir sans vous préparer du tout.
Évidemment, tous ces exemples ne correspondent peut-être pas à votre manière de vivre la dysmorphophobie.
Le traitement vous permettra de réaliser des étapes qui sont spécifiquement adaptées à vos besoins et à la manière dont la dysmorphophobie vous touche.
Et ne vous inquiétez pas: le traitement par exposition avec prévention de la réponse est progressif.
L’objectif n’est pas de vous traumatiser, car cela serait contre-productif.
Vous construisez une «échelle d’exposition» à travers laquelle chaque barreau est une étape d’exposition à réaliser: vous procédez du moins difficile au plus difficile et seulement lorsque vous vous en sentez capable.
Vous débutez par des actions plus faciles et moins génératrices d’anxiété et vous ne montez les barreaux de votre échelle pour vous exposer à des situations plus difficiles seulement lorsque vous êtes prêt(e).
Vous entretenez peut-être aussi une relation «compliquée» avec les miroirs.
Peut-être ressentez-vous le besoin de vous regarder très souvent chaque jour pour vous rassurer et voir si votre apparence est correcte.
Dans ce cas, une manière efficace de vous empêcher de succomber à cette compulsion consiste à cacher et à couvrir tous les miroirs disponibles chez vous.
Le papier (journaux, magazines) est un bon matériau pour les couvrir.
Et comme le recommande le docteur Grayson, si vous n’êtes pas prêt(e) à complètement vous passer des miroirs, ne laissez paraître qu’une petite surface de 2 centimètres carrés pour vous aider.
Et si vous faites cela, faites-le seulement sur le miroir le moins «confortable» de la maison, donc ne laissez pas cette surface de 2 centimètres carrés sur le miroir que vous utilisez habituellement.
Cette difficulté que vous créerez artificiellement vous aidera à moins vous impliquer dans la préparation et les compulsions qui accaparent votre précieux temps chaque jour.
Et si vos compulsions impliquent de vous rassurer auprès des autres au sujet de votre apparence, avertissez vos proches que vous souffrez de dysmorphophobie.
Dites-leur qu’ils doivent s’abstenir de vous rassurer au sujet de votre apparence et même de répondre à vos questions si l’objectif de ces questions est de vous rassurer.
Bon.
Tout cela vous semble peut-être beaucoup d’informations d’un coup.
Et mon objectif n’est pas de vous surcharger, et encore moins de vous décourager.
Je viens de couvrir des sujets importants, mais je suis loin d’avoir pu cerner comme il se doit l’application du traitement par exposition avec prévention de la réponse.
Et même avec tout l’espace que prend déjà cet article détaillé, ce n’est pas suffisant pour vous l’expliquer dans tous les détails.
Alors lisez la suite car j’ai créé une ressource Web complète qui vous permettra de créer facilement et d’appliquer efficacement votre propre traitement par exposition avec prévention de la réponse.
Mes meilleures ressources pour vous aider à guérir de la dysmorphophobie
Comme je l’écrivais plus haut, le traitement par exposition avec prévention de la réponse est véritablement le plus reconnu et le plus efficace pour traiter les différentes expressions du trouble obsessionnel-compulsif et la dysmorphophobie ne fait pas exception.
Et malheureusement, ce ne sont pas tous les thérapeutes qui savent traiter le TOC et appliquer ce type spécifique de thérapie reconnue comme étant la plus efficace.
C’est la raison pour laquelle j’ai créé un programme Web complet autodirigé qui vous permet de concevoir et d’appliquer un traitement par exposition avec prévention de la réponse qui est adapté exactement à vos besoins et à la manière dont la dysmorphophobie vous touche.
À travers une trentaine de vidéos et de nombreux exercices, mon programme est clair, progressif et il vous fournit toutes les ressources pour apprendre à concevoir et à appliquer le traitement.
Il peut évidemment accompagner les séances d’une thérapie avec un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui a de l'expérience dans le traitement du TOC.
J’ai écrit un article détaillé qui vous permettra de découvrir mon programme pour apprendre comment arrêter les TOCS comme la dysmorphophobie.
Mon programme inclut d’ailleurs mon livre sur les pensées obsessionnelles à la base du TOC dont je vous ai parlé tout à l’heure, car il le complète.
J’ai même créé une page qui contient une vidéo qui présente en détail le programme et son contenu, un lien pour accéder gratuitement à sa version de démonstration et qui vous permettra de lire les nombreux mots de remerciements émouvants que j’ai reçus de la part des personnes que j’ai aidées.
Alors il ne faut pas perdre espoir car d’autres personnes ont guéri avant vous et vous n’êtes pas condamné(e) à en souffrir toute votre vie!
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Et mon module complémentaire pour aider avec la déprime/dépression, qui touche jusqu'à 40% des personnes qui souffrent de TOC:
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Quelques remarques au sujet de la dysmorphophobie inversée en terminant
Avant de terminer cet article, j’aimerais ajouter quelques mots au sujet de la «dysmorphophobie inversée».
Plus haut, j’ai parlé de cette inversion des symptômes où la personne qui en souffre se concentre sur les imperfections physiques de son/sa partenaire plutôt que sur les siens.
Cela peut porter sur n’importe quel sujet, allant du poids aux grains de beauté, aux cheveux, etc.
La personne qui en souffre rapporte alors penser sans cesse à ces imperfections, ce qui interfère avec ses activités quotidiennes et, évidemment, avec sa relation.
Habituellement, les obsessions sont reliées à des peurs, comme dans l’hypocondrie (peur des maladies), la peur d’être homosexuel ou la peur de faire du mal aux autres.
Mais dans la dysmorphophobie inversée, la peur n’est pas tant celle de l’imperfection de l’autre que celle du fait simplement d’y penser constamment.
En ce sens, cette expression du TOC ressemble plus à la peur d’avoir peur, ou à avoir peur d’avoir ces obsessions elles-mêmes.
Dans ce cas aussi, l’objectif du traitement est d’arriver à vivre et à tolérer l’imperfection de l’autre.
Le travail d’exposition est évidemment possible, mais les stratégies tirées de la thérapie ACT dont je parlais plus tôt et que je présente dans mes livres sur les pensées intrusives et sur le lâcher prise sont particulièrement efficaces.
Si vous désirez obtenir de l’aide individuelle
Les différentes expressions du trouble obsessionnel-compulsif, comme la dysmorphophobie, se traitent très bien lorsque les bonnes méthodes sont utilisées.
Voici d'ailleurs un article à lire si vous vous demandez s'il est possible de guérir du TOC seul, par soi-même.
Mais si vous ne vous sentez pas capable d’appliquer les stratégies de traitement par vous-même, et même dans tous les cas, il est recommandé de consulter.
Dans ce cas, assurez-vous de choisir un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui a de l'expérience dans le traitement du TOC.
Ce sont les spécialistes les mieux outillés pour vous aider avec ce type de problème.
Vous pouvez d’ailleurs leur demander s’ils connaissent la thérapie ACT appliquée au TOC de même que la méthode d’exposition avec prévention de la réponse.
Si vous ne savez pas où trouver ce genre de psychologues, ou si vous n’en avez pas dans votre région, une alternative intéressante consiste à consulter en ligne.
Et n’hésitez pas à profiter de toutes les ressources que je rends disponibles en ligne sur le trouble obsessionnel-compulsif.
Mieux vous comprendrez comment fonctionne ce trouble et plus vous serez à même d’agir concrètement pour l’empêcher de vous nuire.
Voici d'ailleurs un article qui recueille des témoignages de guérison du TOC qui vous montrent qu'aller mieux est véritablement possible.
Voilà qui termine cet article très détaillé.
Si vous avez un témoignage à partager ou une question, n’hésitez pas, les commentaires sont là pour vous!
Références
- Bjornsson, A. S., E. R. Didie et K. A. Phillips, «Body dysmorphic disorder», dans Dialogues in clinical neuroscience, 2010, vol. 12, no 2, p. 221-232.
- DSM-5: Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (« Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders »), publié par l'American Psychiatric Association.
- Grayson, Jonathan, Freedom from Obsessive Compulsive Disorder: A Personalized Recovery Program for Living with Uncertainty, 2014, Berkley Trade, 384 p.
- Obsessive-Compulsive Disorder: Core Interventions in the Treatment of Obsessive-Compulsive Disorder and Body Dysmorphic Disorder, NICE Clinical Guidelines, no 31, National Collaborating Centre for Mental Health, Leicester (UK), British Psychological Society, 2006.
- Wilhelm, Sabine et al., «Modular Cognitive–Behavioral Therapy for Body Dysmorphic Disorder», dans Behavior Therapy, 2011, vol. 42, no 4, p. 624-633.
Joseph a écrit
Je souffre de dysmorphophobie inversée. Je suis effaré car j’ai fait beaucoup de recherche et c’est le seul article que j’ai trouvé qui a su exposé ce problème que je trouve si rare contrairement à la dysmorphophobie. Je serai intéressé pour en savoir plus ou comprendre comment vous êtes arrivés à identifier ce problème en particulier.
Merci
Nicolas Sarrasin a écrit
Je suis heureux que mon article vous ait été utile.
Ce qu’il faut cependant savoir au sujet du TOC auquel la dysmorphophobie appartient, c’est que les sujets des obsessions (pensées intrusives, peurs et sujets d’inquiétudes qui dérangent et qui reviennent constamment en tête) ne sont pas importants en soi. J’explique d’ailleurs cela dans un autre article.
Ainsi, la “dysmorphophobie inversée” n’est qu’un sujet parmi l’infinité de sujets sur lesquels peuvent porter les obsessions du TOC, sujets qui ne sont limités que par l’imagination. Ce sujet a été évoqué à travers les nombreuses lectures des spécialistes et des chercheurs sur le sujet que j’ai réalisées sur le TOC (ces experts sont nombreux à travailler aux États-Unis).
Si vous souffrez de TOC et que vous désirez aller mieux, ma meilleure suggestion est de vous concentrer sur son traitement (qui se nomme l’exposition avec prévention de la réponse), et non “creuser” les raisons de la présence de ces pensées ou leurs causes, ce qui constitue une compulsion fréquente qui ne fait qu’entretenir la souffrance.
Ma meilleure ressource pour vous aider en ce sens est mon programme Web, comme je le présente à la fin de cet article.
Je vous souhaite le meilleur.
Mew a écrit
Je souffre de dysmorphophobie depuis toujours, ou presque. Depuis toute petite, je pleurais devant le miroir et demandais inlassablement à ma mère pourquoi elle m’avait faite si laide!
Aujourd’hui j’ai 34 ans et après une vingtaine de thérapies en tous genres, rien n’y fait : je sombre dans l’angoisse la plus totale à la vue de femmes, car j’ai des sortes de TOCs de comparaison, et c’est l’enfer !
Regarder un film ou faire ses courses, tout est cauchemardesque ! Et quand bien même il n’y a pas de femmes, je pense à des situations passées ou à venir, et les compulsions et ruminations ne me lâchent plus ! Quant à ma vie de couple, je n’en parle même pas…
Les ressources que vous proposez dans cet article m’ont appris encore de nouvelles choses et je vous en remercie infiniment.
Nicolas Sarrasin a écrit
Je compatis avec ce que vous vivez et je suis heureux que mon article ait pu vous être utile.
Parmi les nombreuses thérapies que vous avez faites, il est fort probable qu’aucune d’entre elles n’ait été la TCC d’exposition avec prévention de la réponse, qui est la plus efficace contre les nombreuses expressions du TOC, incluant la dysmorphophobie. Je vous invite à profiter des nombreuses ressources de mon site pour apprendre comment le TOC fonctionne, quels sont ses pièges, ainsi que sur cette thérapie qui est reconnue scientifiquement comme étant la plus efficace.