Cet article fait partie de ma série sur le traitement du trouble obsessionnel-compulsif.
Il aborde un sujet important sur lequel les personnes qui souffrent de TOC peuvent avoir des doutes: comment ne pas transformer en compulsion le recadrage (thérapie cognitive).
Pour aller mieux quand on souffre du TOC, j’ai souvent parlé du traitement d’exposition avec prévention de la réponse qui est considéré comme étant le plus efficace et qui est le plus validé scientifiquement.
Mais je parle aussi d’une technique de thérapie cognitivo-comportementale qui se nomme le recadrage.
Cette méthode a prouvé son utilité dans de nombreux contextes, notamment face à la dépression, et ellepeut aussi être utile pour traiter le TOC.
J’en parle d’ailleurs dans mon livre sur les pensées intrusives quand je réfère à l’hameçon mental, le piège principal du TOC qui consiste à donner de l’importance à ses obsessions, à s'en inquiéter, et à leur donner (et à «creuser») une signification qu’elles n’ont pas.
En effet, les études ont démontré que tout le monde a des pensées intrusives, dont certaines portent sur des thèmes désagréables et parfois même immoraux et criminels (comme dans le TOC de phobie d'impulsion), mais seules les personnes qui s’inquiètent de ces pensées et se mettent à les combattre les encodent plus profondément dans les réseaux de neurones de leur cerveau, ce qui porte ces pensées intrusives à revenir de plus en plus souvent.
Et lorsque la fréquence et l’intensité des pensées augmente, cela inquiète encore plus les personnes qui en souffrent et c’est ainsi que le cercle vicieux du TOC s’installe parfois pour longtemps: les obsessions se présentent (pensées intrusives), elles sont combattues par des compulsions, ce qui porte les obsessions à revenir, et ainsi de suite…
Comprendre tous les détails de ce piège fondamental du TOC constitue une étape importante qui relève du recadrage cognitif.
Je réserve d’ailleurs à ce sujet une étape complète de mes modules complémentaires sur la phobie d’impulsion et sur le TOC de la peur d’être homosexuel.
Le recadrage vise à aider à faire la différence entre la réalité et le fruit de l’imagination que représentent les obsessions.
En effet, aussi «vraies» et inquiétantes qu’elles paraissent, les obsessions ne signifient rien, ni en général, ni sur vous-même.
Elles ne sont que du «bruit», le sous-produit du fonctionnement du cerveau.
Comprendre la nature réelle et plutôt triviale de ces pensées, et y croire (car ce n’est pas tout de le savoir, encore faut-il le croire), aide à ne pas tomber dans le piège du TOC qui, encore une fois, consiste à leur donner de l’importance, à vous en inquiéter et à y réagir par des compulsions.
Mais si vous souffrez de TOC, le fait de savoir rationnellement que vos obsessions ne sont que le fruit de votre imagination n’est pas toujours suffisant.
Même si vous, vous voulez bien y croire, votre cerveau, lui, n’y croit pas nécessairement.
Il continue à vous faire douter, à vous faire croire que vos pensées et vos peurs représentent bien un problème ou un danger réel, et vous cherchez encore à vous en soulager à travers des compulsions:
Pire. Le TOC pourra même vous faire récupérer cette partie du traitement, le recadrage, pour en faire une compulsion.
Pour illustrer cela, voici l’exemple d’un homme qui souffre du «TOC homo».
Il réalise la thérapie cognitivo-comportementale avec le recadrage et il apprend la différence claire et nette entre ses pensées intrusives qui lui suggèrent qu’il est homosexuel (ce qui est très dérangeant pour lui) et la réalité: le fait que, depuis toute sa vie, il a toujours été seulement attiré par les femmes.
Rationnellement, il fait donc bien la différence entre ses pensées intrusives à thématiques homosexuelles qui sont imaginées (ses obsessions) et la réalité, et cela le soulage de sa peur.
Il écrit même sur une feuille une liste d’arguments et de faits imparables qui indiquent bien qu’il est hétérosexuel et qui, en conséquence, lui «prouvent» qu’il n’est pas homosexuel.
Mais le problème, c’est que le TOC est insidieux, et qu’il continue à le faire douter chaque jour de son orientation sexuelle.
Cet homme se met alors à utiliser plusieurs fois par jour ses notes et le recadrage pour se rassurer face à ses obsessions.
Ce faisant, sans le savoir, il transforme son recadrage en compulsion, car il devient un moyen de se rassurer plusieurs fois par jour face à ses peurs.
C’est pourquoi j’ai trouvé important d’écrire cet article pour bien expliquer l’erreur d’utiliser cette partie cognitive du traitement comme une compulsion.
Car je vous rappelle que les compulsions ne font qu’entretenir le TOC et elles gardent votre cerveau hypersensible à ce qui vous fait peur.
Le recadrage ne doit donc pas être utilisé comme une manière de tomber dans le piège du TOC en réagissant à vos obsessions pour vous rassurer en essayant de vous convaincre que ce que vous craignez ne se produira pas.
Pour ne pas tomber dans le piège du TOC de combattre et rejeter vos pensées, vous devez utiliser la prise de conscience que permet le recadrage comme une conviction que vous gardez en toile de fond dans votre esprit.
Vous savez que vos pensées ne signifient rien et qu'elles ne sont que le produit de votre imagination, mais vous n’avez pas à vous le répéter constamment.
Car si vous recourez sans cesse à des arguments pour vous rassurer, vous faites une compulsion et non du recadrage.
Mais si vous savez, de façon claire, en tant que conviction au fond de vous-même, que vos pensées ne sont qu’un symptôme du TOC, vous n’aurez pas à vous le répéter plusieurs fois par jour: vous le saurez, tout simplement.
Cette conviction vous aidera à moins réagir à vos pensées et balisera le chemin pour vous permettre de vous adresser plus facilement à votre cerveau en parlant son langage.
Ce «langage», c'est le traitement d’exposition avec prévention de la réponse qui consiste à vous exposer à ce qui vous fait peur sans recourir à des compulsions, pour montrer à votre cerveau de manière concrète qu’il n’a rien à craindre.
Mes meilleures ressources pour vous aider en ce sens sont mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:
Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Mais il est aussi recommandé de consulter.
Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.
Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.
Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.
Il faut cependant prendre le temps de comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce type particulier de trouble.
J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.
Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!
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