Vous pensez souffrir du syndrome de l’imposteur?
Vous aimeriez savoir d’où il vient?
En effet, connaître les causes d’un problème est déjà une partie de la solution.
Cet article vous fera avancer dans la bonne direction en vous présentant les différentes causes de ce problème, souvent les plus importantes.
Si ce n’est pas la première fois que vous lisez les pages de mon blogue, vous savez que je valorise la nuance.
C’est la raison pour laquelle j’aimerais mentionner d’entrée de jeu que plusieurs des causes du syndrome de l’imposteur dont il sera question ici sont certaines alors que d’autres ne sont que des hypothèses.
D’autres causes, enfin, sont celles dont les personnes souffrant du syndrome de l’imposteur ont elles-mêmes parlé.
Il est donc important de savoir qu’il n’existe pas de cause unique à ce problème.
Chaque personne est différente et les causes précises qui nous portent à souffrir du syndrome de l’imposteur nous sont propres.
Cela dit, il existe néanmoins des facteurs et des contextes communs qui sont très utiles à connaître, et c’est ce sur quoi je me concentrerai.
Voici donc des causes importantes du syndrome de l’imposteur
Tout d’abord, si vous souffrez du syndrome de l’imposteur, ce n’est pas de votre faute.
Il n’y a rien que vous ayez omis de faire, ou fait de travers.
Vous n’êtes pas à blâmer, du tout.
Vous avez le syndrome de l’imposteur parce qu’un ensemble de facteurs se sont réunis pour que ce problème se manifeste dans votre vie: vous ne l’avez pas causé vous-même.
J’insiste particulièrement sur ce point car plusieurs personnes qui en souffrent mentionnent qu’elles se sentent coupables au sujet de ce qu’elles ressentent.
La culpabilité est malheureusement très fréquente, autant en relation au syndrome de l’imposteur qu’à travers d’autres problèmes, comme:
- La dépression;
- L’anxiété;
- Le perfectionnisme;
- Et même, éventuellement, les troubles obsessionnels-compulsifs (qui sont d’ailleurs reliés à un niveau élevé d’anxiété).
Mais le fait est qu’on ne peut arrêter de se sentir coupable simplement en fermant un interrupteur…
Les problèmes qui touchent notre psyché disparaissent rarement par eux-mêmes. Ils peuvent par contre être contrôlés, gérés et conquis!
Le syndrome de l’imposteur est du même acabit.
Voici donc plusieurs de ses causes fréquentes.
À mesure que vous les lirez, je vous invite à prendre ce qu’il faut pour noter lesquelles vous touchent plus particulièrement, et de quelle manière.
Ces notes seront précieuses car elles vous aideront à identifier sur lesquelles de ces causes vous concentrer pour trouver des solutions par la suite.
1. Les valeurs de la société
Une des sources du syndrome de l’imposteur vient de notre société, de son fonctionnement, de ses valeurs.
Je parle surtout ici des valeurs sociales qui sont individualistes.
Les valeurs individualistes peuvent être bonnes lorsqu’elles nous aident à nous concentrer sur nous-même de manière constructive, pour nous réaliser.
Mon site Internet de psychologie, mes livres et mes vidéos reflètent d’ailleurs ces valeurs: le développement personnel est une conséquence directe de cette attention positive que nous pouvons porter à nous-même.
Et j’ose croire que cette perspective est saine, du moins jusqu’à un certain point.
Par contre, je trouve que la société va trop loin dans l’individualisme lorsqu’elle développe des valeurs de compétition, de comparaison aux autres et de performance à tout prix.
Ce contexte n’est plus celui du respect de soi, à travers la connaissance que nous avons de nous-même et la possibilité de nous réaliser à notre rythme et dans la direction que nous inspirent nos intérêts.
L’individualisme négatif est celui qui prend la forme de normes absolues que la société nous impose: pour exister, pour être heureux, pour être reconnu, nous devons être les meilleurs, les plus intelligents, les plus riches, les plus performants, les plus admirés, etc.
Si nous suivons la logique de ce diktat social, nous devons absolument avoir toutes les bonnes compétences pour prétendre être ce que nous sommes et faire ce que nous faisons.
Le monde, la société, les technologies, le marché de l’emploi, tout est devenu très complexe et change de plus en plus rapidement.
Dans ce contexte, l’idée selon laquelle nous devons être des experts dans notre domaine pour pouvoir faire quelque chose est de moins en moins réaliste.
Être expert implique autant d’avoir suivi une formation spécifique que des heures d’expérience et de pratique (si le domaine l’exige).
Et avec la complexité et les changements qui accélèrent, ces prérequis sont de moins en moins possibles à réaliser.
La conséquence, c’est que nous devenons des autodidactes dans de plus en plus de domaines, pas nécessairement pas choix, mais par nécessité.
Il existe donc une foule d’activités pour lesquelles nous sommes des «imposteurs», au sens où nous n’avons pas toutes les compétences des experts pour les réaliser.
Et ce n’est pas grave.
Puisque ce contexte ira en «empirant», aussi bien l’accepter…
2. Le manque de confiance et d’estime de soi
Le manque de confiance et d’estime de soi est une raison importante pour laquelle une personne développe le syndrome de l’imposteur.
Pourquoi?
Parce qu’il mène directement au doute de soi, et le doute de soi se situe au cœur du sentiment d’imposture.
L’estime de soi est l'évaluation que nous faisons de tout ce que nous connaissons à notre sujet (notre identité).
Cette évaluation de ce que nous sommes nous permet de conclure que nous sommes aimables et estimables… ou pas.
Quant à elle, la confiance est le résultat de l’évaluation de notre propre capacité à réaliser quelque chose avec succès.
Comme pour l’estime de soi, selon les conclusions que nous tirerons à propos de nos capacités, nous aurons plus ou moins de confiance.
Évidemment, ces «évaluations» de nous-même ne se font pas consciemment la plupart du temps.
Et quand on manque d’estime de soi et de confiance, on est beaucoup plus sévère envers soi-même et on doute beaucoup plus de notre capacité à réussir de nouvelles activités.
On accorde aussi beaucoup plus d’attention au regard que les autres portent sur nous, car nous présumons qu’ils nous jugeront aussi durement que nous nous jugeons nous-même…
Si ce genre de doute vous touche, il vous portera à croire que vous ne méritez pas de vivre de bonnes choses, même si vous travaillez très dur pour les obtenir.
Pour cette raison, vous craindrez constamment que quelqu’un arrive de nulle part pour vous taper sur l’épaule et dire que vous n’êtes pas à votre place.
En réalité, cela n’arrivera pas car, justement, vous avez travaillé fort et vous avez le talent nécessaire pour mériter votre place tout autant que les autres.
Mais le manque d’estime de soi et de confiance peut vous faire croire le contraire.
Le fait de travailler à nourrir ces dimensions de vous-même vous aidera à abattre le syndrome de l’imposteur, mais cela prend du temps et des efforts.
Mon objectif avec mon blogue est de vous aider en ce sens.
Voici donc trois excellentes ressources pour vous aider:
3. Les (fameuses) distorsions cognitives
Une autre raison qui peut vous faire souffrir du syndrome de l’imposteur découle d’un déséquilibre neurochimique dans le cerveau.
En effet, nos gènes peuvent influencer la manière dont nos neurotransmetteurs, comme la dopamine, agissent en nous, pour le meilleur et pour le pire…
Un tel déséquilibre peut favoriser l’anxiété ou la dépression, par exemple, et peut être traité avec certains types de médicaments.
Mais l’histoire ne s’arrête (heureusement) pas là car, pour le moment, il n’existe pas de pilule magique pour nous guérir du syndrome de l’imposteur…
Saviez-vous que vos propres pensées jouaient un rôle fondamental dans vos émotions, votre estime de soi, votre confiance et votre humeur?
Il existe des pensées négatives que nous tournons contre nous-même sans le savoir.
En psychologie, elles se nomment les «distorsions cognitives».
Ces pensées sont fausses, irrationnelles, biaisées, nous font du mal, mais nous sommes néanmoins portés à les croire à cause de «mauvaises habitudes» que nous avons prises avec les années à les répéter sans cesse, ce qui les a renforcées dans notre cerveau.
Lorsque ces pensées tordues sont à l’œuvre, le processus peut ressembler à ceci:
On vous dit: «Tu es vraiment bon(ne) pour faire X (prenez n’importe quel exemple d’une chose que vous faites bien)!»
Mais vous répondez intérieurement:
- Ce n'est que de la chance.
- Ça m'est venu naturellement, il n’y a rien d’extraordinaire...
- J'ai dû travailler vraiment dur pour avoir un résultat à peine acceptable...
- Je ne mérite pas de crédit ni de félicitations pour ça...
Ces pensées sont à la base du syndrome de l’imposteur et de la déception de soi, et elles entretiennent des émotions négatives comme la tristesse.
Plus une personne répète ses distorsions cognitives et plus ces dernières s’impriment profondément dans son esprit, et plus elle y croit fermement même si ces pensées sont absolument fausses.
Avec le temps, elles finissent par faire partie de son identité et contribuent à réduire son estime de soi, à saper sa motivation et son bien-être en plus de favoriser la dépression…
Vous pouvez avoir du mal à prendre conscience des moments où vos distorsions cognitives se manifestent, car leur processus est subtil.
Par exemple, plusieurs de ces pensées semblent anodines si vous les avez intégrées à vos croyances sur vous-même.
Elles ne se manifesteront donc pas de manière forte et passeront inaperçues même si elles continuent de faire des dégâts.
C’est pour cette raison que les distorsions cognitives sont un ennemi important à abattre.
Et la bonne nouvelle, c’est qu’il est tout à fait possible d’y parvenir.
Mais mon site Internet regorge de ressources complémentaires à leur sujet.
N’hésitez donc pas à en profiter!
4. Vous sentir comme si vous étiez en compétition avec les autres
Comme je l’écrivais plus haut, nous vivons dans des sociétés qui valorisent beaucoup l’individu, les réalisations personnelles et la performance…
Dans ce contexte, il n’est pas surprenant que certaines personnes, particulièrement celles qui manquent d’estime de soi et qui sont perfectionnistes, ressentent le besoin d’entrer en compétition avec les autres et désirent «gagner» pour prouver leur valeur.
Comme j’en parle dans mon lire Qui suis-je?, ce genre d’attitude n’est pas nécessairement typique des personnes qui manquent d’estime de soi et qui sont perfectionnistes.
Mais puisque ces personnes compétitives croient souvent, elles aussi, qu’elles ne valent rien, elles essaient de faire mieux que les autres, ce qui leur procure un sentiment de gratification de courte durée pour se «prouver» combien elles méritent le respect et l’admiration.
Il s’agit malheureusement d’une manière inefficace et destructrice de croire en sa propre valeur personnelle.
En effet, le syndrome de l’imposteur les empêchera systématiquement d’obtenir de la satisfaction car, dans leur esprit (et à cause des distorsions cognitives), elles ne seront jamais à la hauteur.
Cette compétition malsaine leur demande de constamment se comparer aux autres pour estimer la valeur qu’elles méritent.
Cela implique aussi d’utiliser des références extérieures à elles-mêmes pour se valoriser (comme les accomplissements), alors que les références intérieures, comme la connaissance de soi ou le bonheur, sont beaucoup plus saines et solides pour construire son estime de soi.
Au contraire, une personne qui possède un bon niveau d’estime de soi et de confiance se sent bien avec elle-même et ne ressent pas le besoin de se comparer ni de compétitionner, car les fondements de sa valeur personnelle reposent en elle-même.
Ce faisant, elle est relativement indépendante de l’opinion d’autrui et elle n’agit pas de manière à se prouver quoi que ce soit à travers les autres.
Contrecarrer cette tendance à vouloir «gagner sur les autres» est donc une autre piste intéressante pour renforcer l'estime de soi et se libérer du syndrome de l’imposteur.
5. Les événements traumatiques du passé
Les événements traumatiques du passé peuvent déclencher le syndrome de l’imposteur dans la mesure où ils heurtent la confiance, favorisent le doute de soi et réduisent la perception de notre propre valeur.
Plusieurs personnes souffrant de stress post-traumatique ont également le syndrome de l’imposteur.
Vivre avec le souvenir d’événements traumatisants peut être très dérangeant, et la psychothérapie est souvent la meilleure voie vers l'acceptation de soi et du passé.
6. La pression sociale (comme les médias sociaux)
Maintenant que nous avons abordé plusieurs causes importantes du syndrome de l’imposteur, passons à un problème très actuel qui a un impact direct sur celles et ceux qui en souffrent.
Il s’agit d’un élément déclencheur de nombreux problèmes qui sont liés à la vision de soi-même (estime de soi et confiance).
Connaissez-vous les médias sociaux?
Facebook est sans l’un des exemples les plus connus.
Si vous passez certains moments de la journée à consulter les publications des vos «amis» sur les médias sociaux, vous verrez sans aucun doute passer les photos de leurs dernières vacances et de leurs repas succulents au restaurant en bonne compagnie.
Que cela soit conscient ou non, lorsque nous voyons toutes ces manières dont les autres se mettent en valeur, nous sommes portés à nous comparer… défavorablement (1).
Les médias sociaux sont donc un outil puissant de comparaison aux autres.
De nombreuses études ont démontré que le fait de voir combien les autres semblent heureux et épanouis augmente le niveau de stress, favorise la dépression, influence négativement l’estime de soi et les relations (solitude), entre autres (2).
Le problème, c’est que le contenu des médias sociaux ne représente pas la réalité.
Nous nous présentons toujours sous notre meilleur jour.
Alors le fait de voir le concentré du meilleur de la vie des autres sur les médias sociaux n’a rien pour nous rendre heureux.
Si vous vous mettez à votre meilleur vous-même dans vos photos et vos publications, ne vous sentez pas coupables pour autant.
Vouloir présenter le meilleur de soi est tout à fait naturel.
Le problème vient surtout des médias sociaux eux-mêmes, qui sont devenus très populaires et entretiennent une influence négative sur le bien-être des gens.
En plus de ces nouveaux médias, nous subissons les effets des différentes sources de pression sociale depuis des années (famille, amis, collègues, médias traditionnels comme la télévision, la publicité, les magazines, etc.).
Nous avons été «entraînés» à croire que nous devons avoir réalisé certaines choses à un certain âge et que si nous n’y sommes pas parvenus, nous sommes incapables et notre vie est un échec…
Évidemment, il n’y a aucun échec!
Les choix, les valeurs, les contextes, les épreuves, etc. peuvent nous avoir conduit ailleurs, et c’est très bien ainsi.
Mais l’impression d’échec est néanmoins ce que cette pression sociale tend à nous faire vivre.
Par exemple, plusieurs personnes ont l’impression qu’elles doivent avoir trouvé l’âme sœur avant 30 ans, et que si ce n’est pas arrivé, cela ne se produira jamais…
De nombreuses femmes se sentent également mal si elles n’ont pas encore eu d’enfants au début de la trentaine, et elles commencent à craindre qu’elles n’en auront jamais.
Pourtant, près de 30 ans est maintenant l’âge moyen pour enfanter selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (INSEE) (3).
Le début de la trentaine est bien davantage une norme qu’une exception.
Il est donc important de garder à l’esprit le rôle important que jouent les différentes sources de pression sociale pour nous porter à nous sentir mal.
L’authenticité, qui rime avec estime de soi et confiance, découle de la capacité à nous connaître et à faire des choix en fonction de nous-même et non en suivant les influences, les croyances et les goûts des autres.
L’authenticité nous rend souverains de notre personne et nous aide à être bien avec nos choix et nos résultats même lorsqu’ils ressortent de la norme.
L’authenticité est un formidable rempart contre le syndrome de l’imposteur.
Pour que ces causes deviennent des solutions
Dans cet article, je vous ai présenté des causes importantes à la base du syndrome de l’imposteur.
Connaître les causes est un premier pas dans la bonne direction, mais cela ne suffit pas à s’en libérer.
Par contre, il existe des outils concrets et efficacement pour modifier durablement votre manière de vous percevoir et guérir du syndrome de l’imposteur.
C’est la raison pour laquelle j’ai écrit mon livre Vaincre le syndrome de l'imposteur (et cesser de se barrer soi-même la route).
Mon livre contient beaucoup de contenu pratique, des exemples et de nombreuses stratégies qui ont déjà aidé un grand nombre de personnes.
N’hésitez pas à en profiter vous aussi!
J’espère de tout cœur que mon article vous aura été utile et vous aura plu!
Vous avez des questions ou des témoignages à partager?
Les commentaires ci-dessous sont là pour vous!
Références
1. Erin Vogel et coll., «Social comparison, social media, and self-esteem», dans Psychology of Popular Media Culture, 2014, vol. 3, no 4, p. 206-222.
2. Article sur les effets néfastes des médias sociaux (en anglais).
3. Sur l’âge moyen d’avoir des enfants en France et au Canada.
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