Cet article fait partie de ma série sur les pensées intrusives.
Les pensées intrusives se nomment aussi les obsessions, l’un des symptômes principaux du trouble obsessionnel compulsif.
Elles prennent la forme de pensées, d’images statiques ou mouvantes, de peurs, de doutes, d’impression et même de sensations.
Les obsessions suscitent beaucoup de souffrance, et notamment de l’anxiété.
Dans cet article, je vais aborder un type d’obsessions très particulier: le fait de douter que vous souffrez du TOC.
Le sujet du type d’obsessions dont il sera question ici est, pour les personnes qui souffrent de TOC, la peur de ne pas souffrir de TOC.
Cela peut sembler paradoxal, mais vous verrez qu’il n’en est rien.
Il faut rappeler que les pensées intrusives typiques du TOC font souvent très peur.
Par exemple, certaines personnes craignent que leurs pensées signifient qu’elles sont meurtrières, pédophiles, suicidaires, qu’elles n’ont pas la bonne orientation sexuelle, etc.
Pour ces personnes, apprendre qu’elles souffrent de TOC est donc un grand soulagement puisque cela signifie que ce qu’elles redoutent ne se produira pas.
Mais puisque les obsessions peuvent porter sur n’importe quel sujet, vous pouvez aussi vous mettre à craindre que vos obsessions ne soient pas un simple symptôme mais signifient en fait quelque chose de bien plus grave à votre sujet.
Par exemple, les personnes qui souffrent d’un TOC de propreté peuvent croire que dire qu’elles souffrent d’un TOC n’est qu’une manière de justifier de ne pas nettoyer convenablement.
Les personnes qui souffrent de phobie d’impulsion et qui ont peur d’être meurtrières ou pédophiles craignent que dire qu’elles souffrent de TOC n’est qu’une manière de nier qu’elles sont des monstres et des personnes dangereuses.
Pour vous donner un autre exemple, les personnes qui souffrent du TOC de la peur d’être homosexuel craignent que le fait de reconnaître qu’elles souffrent de TOC ne soit qu’une manière de refouler leur homosexualité et de ne pas accepter qu’elles sont vraiment gays.
Voici quelques manières dont les personnes qui souffrent de cette obsession de douter qu’elles souffrent de TOC pourraient formuler les choses:
Elles peuvent se dire: «J'ai la sensation que ce que je vis pourrais être différent du TOC» ou «J’ai peur que mon TOC ne soit pas un TOC».
Ou encore, «le pire quand je suis en crise d’anxiété, c’est quand je me dis: et si ce n’était pas un TOC?»
J’ai même lu un témoignage qui disait: «Ce TOC est vraiment malsain car même si on est sûr à 100% de l’avoir, on arrive toujours à se dire: et si je faisais semblant d'avoir un TOC?»
Si vous souffrez du trouble obsessionnel-compulsif et que vous avez, vous aussi, peur que ce que vous vivez ne soit pas causé par le TOC, voici de quoi vous surprendre.
Vous devez savoir que les personnes qui ne souffrent pas de TOC n’ont aucune crainte au sujet d’avoir ou non le TOC.
Cela est logique, puisque cette crainte est une obsession, et que les personnes qui ne souffrent pas de TOC n’ont pas d’obsessions.
En conséquence, le fait d’avoir cette peur constitue la meilleure preuve que vous souffrez bien de TOC.
Car cette peur est une obsession et seules les personnes qui souffrent de TOC ont des obsessions.
Il n’y a pas à aller plus loin: vous souffrez du trouble obsessionnel-compulsif et votre peur de ne pas en souffrir est un symptôme du TOC qui se nomme «obsession» et qui implique des peurs sur différents sujets, dont celui-là même de ne pas souffrir de TOC.
Je vous rappelle d’ailleurs que les obsessions se manifestent très souvent sous forme de doutes.
Dans le TOC, le fait de donner du crédit aux doutes rend d’ailleurs ces obsessions plus intenses, plus tenaces, et fait augmenter le niveau d’anxiété.
Il est donc normal de douter que vous puissiez souffrir du TOC puisque les doutes et les peurs font partie de ses symptômes de base.
Si vous êtes actuellement en train d’appliquer le traitement du TOC avec un psychologue et si vous tirez profit de mes ressources Web vidéo comme mon programme et mon livre sur les pensées intrusives qui expliquent comment fonctionne ce traitement, vous connaissez mieux les mécanismes du TOC et vous savez que les peurs que représentent vos pensées ne se déroulent que dans votre imagination.
Mais pourquoi douter que vos pensées soient bien le résultat du TOC lui-même?
Cela vient du fait que les personnes qui en souffrent espèrent que leurs pensées ne sont qu’un TOC puisque cela signifie que ce qu’elles craignent ne correspond pas à la réalité.
Mais puisque le TOC est une «maladie du doute», elles appliquent souvent les doutes à leur TOC lui-même et se disent: «Et si mes pensées signifiaient autre chose et que je ne souffrais pas vraiment de TOC…»
C’est ici que vous devez vous rendre compte que le fait de douter et de formuler des inquiétudes de type «Et si…» est exactement le propre du TOC.
Vous n’êtes pas l’exception: ces doutes sont typiques des personnes qui souffrent de ce trouble.
Et le fait que vous cherchiez à vous rassurer que ce que vous avez est bien un TOC est une compulsion.
Et les compulsions sont, avec les obsessions, l’autre symptôme principal du TOC.
Alors si vous avez des obsessions, les peurs et les doutes, comme ceux portant sur le fait de ne pas souffrir de TOC, et des compulsions, comme chercher à vous rassurer, c’est bien la preuve la plus claire que ce que vous avez est bien un TOC, qui implique justement des obsessions et des compulsions.
Mais ce sujet reste problématique puisque déterminer si vous souffrez ou non de TOC implique un diagnostic.
En effet, le fait de vous confirmer que ce dont vous souffrez est un TOC est un acte médical qui se nomme un diagnostic.
Et vous ne pouvez pas obtenir de tel diagnostic dans les commentaires sur YouTube ou en m’écrivant.
Pour cela, vous devez consulter un psychologue ou un psychiatre.
Je le mentionne car, si vous n’avez jamais consulté et n’avez pas obtenu de diagnostic, il s’agit toujours de la première étape constructive à faire pour ensuite réaliser un traitement qui vous permettra de vous libérer de votre souffrance.
Mais malheureusement, plusieurs personnes qui ont obtenu un diagnostic de TOC continuent quand même à douter et répètent la compulsion de chercher des informations sur Internet pour se rassurer.
C’est peut-être votre cas si vous êtes tombé sur mon site et sur cet article en essayant de vous rassurer à l’effet que vous souffrez bien de TOC.
Je n’ai pas rédigé cet article pour vous rassurer mais pour vous expliquer que ce genre de peur et de doute de ne pas souffrir de TOC est, au contraire, typique du TOC.
J’espère que ces précisions vous aideront à comprendre cette différence fondamentale entre vos doutes et la réalité.
C’est la raison pour laquelle, une fois que vous savez cela, la seule avenue constructive pour améliorer votre qualité de vie, plutôt que continuer de chercher à vous rassurer, est d’appliquer le traitement le plus efficace contre le TOC qui se nomme l’exposition avec prévention de la réponse.
Mes meilleures ressources pour vous aider en ce sens sont mon programme Web vidéo autodirigé «Libérez-vous du TOC et des obsessions» ainsi que ses modules complémentaires qui portent sur certains types de TOC en particulier:
Toutes mes ressources vous expliquent comment adapter et appliquer de manière autodirigée (self-help) le traitement d’exposition avec prévention de la réponse à votre situation et à vos besoins.
Libérez-vous du TOC et des obsessions
Programme Web vidéo complet sur le traitement du TOC et accompagné de mon ebook sur les pensées intrusives en introduction.
Module complémentaire sur la phobie d'impulsion
Module Web vidéo sur le traitement de la phobie d'impulsion et complémentaire à mon programme principal.
Module complémentaire sur le «TOC homo»
Module Web vidéo sur le traitement du TOC de la peur d'être homosexuel.
De la crise de panique à la tranquillité
Ebook de stratégies d'intervention rapide pour une guérison durable.
Module complémentaire antidéprime
Module Web vidéo pour se libérer de la déprime en tant que conséquence fréquente du TOC.
Ai-je un TOC? (ebook)
Ebook pour vous aider à savoir si vous souffrez bien de TOC.
Mais il est aussi recommandé de consulter.
Si vous désirez le faire, choisissez un(e) psychologue d'orientation cognitivo-comportementale qui est spécialisé(e) dans le traitement du TOC.
Ce sont les meilleurs spécialistes pour vous aider avec ce type de problème et, avant de débuter les séances, assurez-vous qu’il/elle peut réaliser le traitement d’exposition avec prévention de la réponse avec vous, car il est le plus efficace pour arrêter les TOCS.
Voici une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue.
Il ne faut pas perdre espoir car des solutions efficaces et concrètes existent, tout comme plusieurs personnes ont témoigné de leur guérison du TOC.
Il faut cependant prendre le temps de comprendre le TOC, son fonctionnement et ses pièges, et faire les efforts d’appliquer le traitement qui est le plus efficace face à ce type particulier de trouble.
J’espère de tout cœur que cet article et les nombreuses ressources en ligne sur le TOC de mon site vous aideront comme elles ont déjà aidé un grand nombre de personnes aux prises avec ce problème.
Si vous désirez partager vos expériences personnelles ou si vous avez des questions, les commentaires ci-dessous sont là pour vous!
Patrick a écrit
Bonjour,
Moi je n’ai pas le doute d’avoir un TOC, j’en suis persuadé. Une obsession qui date sans doute de mon adolescence concernant uniquement mon physique. J’ai peur d’être moche.
À 15 ans, à l’âge où on commence à s’intéresser aux filles, j’ai trouvé la peau de mon visage très inesthétique et j’en ai souffert au point de ne plus pouvoir me regarder dans une glace.
Je n’ai jamais eu de commentaires ni aucun harcèlement.
À ma grande surprise, quelques jolies filles se sont intéressées à moi mais je n’osais pas y croire tellement j’étais timide.
Toujours sans me regarder dans une glace, j’ai fait des études supérieures et j’ai, à partir de 20 ans, eu des succès avec des filles que je trouvais très jolies.
Il s’en est suivi une période de non doute ou plutôt de moindres doutes qui me satisfaisait, c’était un doute rassurant.
Je me regardais quelquefois, mais de loin.
J’ai vécu une vie entre doutes et certitudes, j’ai eu 3 compagnes et 6 enfants.
Je reconnais les avoir trompées uniquement pour me rassurer, et ça me rassurait.
J’ai donc toujours eu des doutes mais ils ont toujours été levés assez vite.
Ça s’est dégradé à la fin de ma relation avec ma dernière compagne qui s’est très mal passée, insultes, violence verbale surtout, etc., jusqu’au jour où (ça fait un an maintenant), j’ai entendu des voix après une dispute particulièrement traumatisante, voix que j’entends toujours, qui m’insultent essentiellement sur mon physique à 90%.
Ces voix me harcèlent et ne cessent d’augmenter en temps et en intensité. Le TOC aussi.
J’ai consulté une psychiatre mais ça commence seulement. J’ai fui le domicile conjugal suite à des violences et des menaces.
J’ai vécu 7 mois dans des foyers en essayant d’abord de retrouver une situation sociale stable.
J’ai une sorte de parano obsessionnelle, j’ai l’impression que tout le monde m’insulte sur le même sujet, dans la rue et ailleurs et même les bruits m’insultent.
J’ai fini par trouver un logement où je vis seul, pensant que je serai plus tranquille, mais j’entends toujours ces voix.
J’ai consulté internet pour me renseigner sur les voix, les maladies mentales, le conscient, l’inconscient.
Ça m’a rassuré sur beaucoup de points mais m’a provoqué de nouveaux doutes. Je doute maintenant de mes propres pensées.
Quand une voix m’insulte j’ai quelque fois l’impression que je pense oui c’est vrai, c’est sans doute l’effet de ma dépression très sévère, du stress, de la fatigue car cette maladie m’empêche de dormir avant d’avoir évacué à peu près mes questionnements de la journée. Une fois évacués, ils ne reviennent plus mais j’en ai d’autres le lendemain.
Si je tousse ou je fais un bruit bizarre, je l’interprète comme un message de mon inconscient qui peut-être me pousse à penser ci ou ça, si je fais un lapsus banal dû à ma fatigue, je pense tout de suite à un message négatif de mon inconscient et je passe des heures à trouver une interprétation à ce message.
Je passe 80% de mon temps à écrire, analyser. Ma vie est devenue invivable et c’est un cercle vicieux qui aggrave ma dépression, mon stress, mes angoisses, ma santé, ma fatigue, etc.
Voilà où j’en suis arrivé.
Cordialement,
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour Patrick,
Je compatis avec votre situation et je vous remercie d’avoir partagé votre témoignage.
Il ne faut pas perdre espoir: les symptômes du TOC peuvent être très envahissants, mais il existe des solutions, notamment à travers la thérapie la plus efficace contre le TOC qui se nomme l’exposition avec prévention de la réponse.
Je vous souhaite le meilleur.