N’essaie pas que ce qui arrive arrive comme tu veux, mais veux ce qui arrive comme il arrive, et tu couleras des jours heureux. (Épictète)
Dans d’autres articles de mon blogue, je vous ai parlé des processus cognitifs et, surtout, de leurs limites qui nous rendent malheureux: les pensées tordues que représentent les distorsions cognitives.
Voici un premier outil important, celui de l’acceptation.
De nombreux autres outils suivront dans mes prochains articles !
Il vous a probablement déjà été donné de rencontrer des personnes révoltées, agressives, qui dirigent continuellement leur colère contre des choses qui vous paraissent futiles.
On peut parfois qualifier ces personnes de «caractérielles» et j’ai d’ailleurs écrit un article sur ce sujet.
Ces personnes sont habituellement peu appréciées des autres, vivent de la solitude et, surtout, elles entretiennent une inépuisable révolte intérieure qui empoisonne leur existence et tourmente leur entourage.
La vaine révolte ne se traduit pas nécessairement par un comportement aussi extrême.
Par exemple, la simple difficulté à accepter les événements procure de nombreuses souffrances et se poursuit parfois toute la vie.
Nous nous révoltons contre ce qui nous déplaît, contre ce qui nous porte préjudice.
Cette réaction est saine dans la mesure où elle nous aide à corriger la situation.
Mais que se passe-t-il lorsque nous ne pouvons rien changer ?
Nous adoptons un comportement combatif, exigeant sur plan émotionnel, et ce, sans obtenir de résultat valable.
Viktor Frankl1 a été l’un des premiers à parler des avantages de l’acceptation, l’art d’apprendre à accepter ce que nous ne pouvons changer.
Cette stratégie est particulièrement efficace contre la sélection négative d’informations et le ressentiment.
À partir du moment où nous acceptons les événements, nous cessons de nous battre, ce qui nous aide à les comprendre et à les apprivoiser.
Les conséquences positives sont innombrables.
Ainsi, l’acceptation nous permet de lâcher prise, comme l’explique mon livre sur le sujet.
Elle fait diminuer l’anxiété, l’aigreur et la culpabilité; elle permet de mieux nous connaître, d’arrêter de nous juger trop sévèrement et de nous heurter continuellement à des situations que nous ne pouvons pas changer.
Accepter, c’est être capable de traverser des événements pénibles sans nous y opposer constamment
C’est aussi pouvoir se dire, par exemple:
- « J’accepte qu’une personne ait une opinion peu favorable de moi. »
- « Je constate que je ne peux pas changer le passé: il est donc plus utile d’arrêter de me battre. »
- « J’essaie de voir les choses d’une manière plus positive. »
- « Je peux trouver des aspects positifs à travers mes désagréments. »
Plus précisément, l’acceptation consiste à reconnaître l’existence d’un événement difficile, d’une émotion comme la colère, etc., et à être capable de ne pas les juger continuellement.
En effet, la révolte apparaît lorsque nous décrétons qu’une situation est incorrecte.
C’est essentiellement le jugement négatif que nous portons sur les événements qui suscite notre colère avec autant d’intensité.
Par exemple, si une femme anxieuse s’agite et s’inquiète d’avance de sa réaction en se disant « Il ne faut pas que je sois stressée ! », son anxiété augmentera.
En fait, elle s’énervera de la simple possibilité de s’énerver !
Autoriser nos pensées, nos émotions et les événements passés s’avère donc une excellente manière d’alléger notre quotidien.
Le maître mot est vraiment « autoriser ».
Car nous n’avons aucune autre option.
Puisque nous n’arrivons qu’à aggraver notre état lorsque nous évaluons constamment nos émotions, le simple fait de les laisser librement s’exprimer en nous sans nous en inquiéter engage un processus de désensibilisation.
C’est un peu ça, être zen…
Nous pouvons aussi partager avec les autres nos moments difficiles et nos appréhensions.
Cela fait diminuer la pression sociale qui surgit lorsque nous croyons que les autres nous jugent.
L’acceptation équivaut précisément à nous adapter aux divers changements de la vie en modifiant notre manière de les percevoir pour y faire face plus efficacement.
Mais cette attitude nécessite la capacité de nous convaincre des avantages que nous retirons à éliminer la révolte lorsqu’elle ne sert à rien.
Malheureusement, la difficulté extrême à accepter des événements difficiles, comme le deuil, provoque parfois des dépressions.
Certaines personnes sont plus enclines que d’autres à se heurter constamment aux épreuves du passé.
Cette dynamique génère un contexte de vie lourd, conflictuel, teinté de révolte et de tristesse.
La sélection d’informations nous porte à croire que si le passé a été difficile le présent le sera forcément.
Avec ce type de conclusion, on s’enferme dans un rôle de victime, ce qui ne nous aide pas à améliorer les choses.
Il est vrai qu’une telle d’attitude peut attirer la sympathie de ceux qui nous entourent, mais si nous en devenons dépendants, nous nous condamnons à vivre de l’intérêt que les autres daignent porter à notre égard…
Nous ne pouvons strictement rien changer au passé.
À force d’être continuellement ressassé, il finit par devenir comme un boulet que nous traînons avec peine.
C’est parce que nous nous concentrons sur certaines informations et que nous les généralisons que notre vie entière semble perdue !
Nous finissons par croire que les autres ne nous apprécient pas, que nous ne vivrons plus jamais heureux en couple, que nous ne pourrons plus rien réussir.
Ces distorsions cognitives sont dévastatrices et peuvent nous faire subir leurs effets pendant des dizaines d’années.
La difficulté à accepter une situation dépend du sens que nous lui accordons.
Tant que nous refusons notre incapacité à changer un événement passé, nous continuons à le considérer comme un problème à résoudre.
Les états pénibles qui s’ensuivent, colère ou déprime par exemple, proviennent directement de la manière dont nous interprétons nos souvenirs.
Rappelez-vous que votre interprétation conditionne la majorité de vos états…
Imaginez le cas de Pierre, qui n’a jamais accepté le divorce demandé par sa femme dix ans auparavant. Aujourd’hui, elle s’est remariée et semble parfaitement heureuse.
De son côté, il est toujours seul, malheureux, et fraye avec la dépression.
Même si la situation est dure, la cause majeure de son état réside dans son incapacité à accepter le départ de sa femme.
Il entretient ainsi continuellement des pensées qui le plongent dans un état de frustration et de révolte depuis des années.
Il s’imagine à la place de l’homme qu’elle a épousé et croit qu’il serait plus heureux dans cette situation que dans sa propre vie.
Cette représentation fausse qu’il plaque continuellement sur son quotidien corrompt chaque jour son humeur.
Si, au lieu de s’enfoncer dans cet état dévastateur, il avait accepté ce divorce qu’il ne pouvait pas empêcher, il aurait depuis longtemps été en mesure de capitaliser sur sa propre vie pour obtenir, lui aussi, sa juste part de bonheur.
Le but de l’acceptation n’est évidemment pas d’encourager l’inaction.
Il s’agit plutôt de valoriser les attitudes qui nous conduisent à des résultats concrets et constructifs.
Par conséquent, il demeure important de distinguer les situations que nous pouvons changer de celles que nous devons accepter.
Acceptation et lâcher prise contre l’idéalisation et l’insatisfaction
L’acceptation concerne également les représentations idéalisées, qui sont souvent sources d’insatisfaction.
Ces représentations portent notamment sur des buts (évaluer la durée d’une activité, par exemple) ou sur des états, comme le bonheur avec l’âme sœur.
Ainsi, on éprouve de l’insatisfaction si on n’arrive pas à terminer une tâche quelconque au moment prévu.
Mais était-on vraiment en mesure d’évaluer le temps nécessaire pour atteindre ce but ?
La plupart du temps, la réponse est non.
Une recherche confirme d’ailleurs notre difficulté à tenir compte des expériences antérieures pour évaluer le temps nécessaire à la réalisation d’une activité2.
Et puisque, par définition, nos attentes sont composées d’informations insuffisantes, elles risquent de ne pas se réaliser et d’occasionner de l’insatisfaction…
Cette erreur d’évaluation peut se produire dans une période aussi courte qu’une journée.
Par exemple, quand, le matin, Isabelle imagine tout ce qu’elle doit avoir le temps de faire, elle élabore la représentation de ce qu’elle devra avoir terminé le soir venu.
Cette représentation ne tient pas compte des imprévus ni de l’impossibilité d’évaluer précisément le temps nécessaire pour réaliser certaines activités.
À la fin de la journée, elle n’a pas terminé et se sent coupable.
Cependant, si elle n’a pas fini tout ce qu’elle avait à faire, c’est probablement parce qu’elle a mal évalué la durée de ses activités et non pas parce qu’elle a été paresseuse.
De la même manière, en imaginant tout ce que nous aimerions obtenir, nous confondons le besoin avec le désir.
Ce n’est pas parce que nous ne possédons pas la voiture de l’année que celle-ci nous serait véritablement utile, qu’elle changerait notre existence pour le mieux.
C’est d’ailleurs pourquoi des personnes pauvres peuvent être parfaitement heureuses.
Ce qui fait plaisir peut être d’un autre ordre que matériel…
À partir du moment où nous acceptons nos limites et cessons de nous juger, nous mettons en place un contexte exempt d’insatisfactions.
Nous nous sentons beaucoup mieux et devenons même plus productifs, plus aptes à réaliser nos rêves !
Une étude sur les pensées orientées vers le futur décrit bien ce mouvement général qui nous engage positivement ou négativement dans l’existence.
L’idéalisation ne provient pas nécessairement de la fréquence des événements positifs ou négatifs que nous vivons; elle provient plutôt du fait que nous anticipons la réalisation de nos désirs.
Ce manque de réalisme découle de notre tendance à imaginer nos possibilités à partir de la sélection d’informations.
Par exemple, nous ressentons souvent de la frustration lorsqu’un événement ne se déroule pas de la façon dont nous croyons qu’il doit se dérouler et nous éprouvons souvent un sentiment d’injustice lorsque les autres ne se comportent pas de la manière dont nous croyons qu’ils doivent se comporter.
Si je vais au marché pour acheter un sac de pommes dont je connais le prix et que le marchand me les vend plus cher, je sentirai qu’il essaie de profiter de moi.
Cependant, si je vais acheter des pommes sans en connaître d’avance le prix, j’estimerai que celui qu’en demande le marchand est normal et je le paierai sans discuter.
Dans les deux cas, le marchand demande le même prix.
La seule différence, c’est que dans la première situation je possédais déjà une idée (croyance) sur ce qui devait se passer.
La révolte naît habituellement du sentiment d’être lésé ou traité injustement.
La rancune agit aussi de cette manière.
Le sentiment que l’on outrepasse notre bon droit génère rapidement de l’agressivité.
Imaginez qu’au cours de sa vie Pascale a défini l’honnêteté comme une valeur fondamentale.
Par conséquent, elle interprète tout mensonge à son endroit comme un grand manque de respect.
Il est vrai que rares sont les gens qui apprécient qu’on leur mente.
Pourtant, le mensonge n’est pas systématiquement utilisé pour nous abuser.
Il peut trahir de la gêne, de la confusion, de l’orgueil.
Si Pascale considérait ces possibilités au lieu de seulement interpréter le mensonge comme un affront, elle éviterait des occasions où elle se rend malheureuse et agit de manière négative envers des personnes qui, plus que de sa colère, pourraient avoir besoin de son soutien.
La révolte découle donc encore de notre interprétation.
Le problème se manifeste chez certaines personnes qui, pour un oui, pour un non, croient qu’on leur manque de respect ou pensent que les autres sont des rustres dès que leur opinion s’écarte de la leur.
Les représentations qu’elles utilisent pour interpréter la réalité sont extrêmement étroites et peu adaptatives.
Grâce à notre expérience de la vie, nous élaborons des représentations de ce que nous considérons comme bon ou mauvais.
Ces représentations constituent nos valeurs.
Malheureusement, la complexité du monde semble infinie, et nombreuses sont les occasions de nous retrouver « lésés » face à l’imprévu.
Pour nous sentir mieux, nous n’avons pas à nier nos propres valeurs dès que nous sommes confrontés à des valeurs différentes.
Par contre, si nous nous limitons à notre seul point de vue et croyons que les autres doivent y souscrire absolument, nous verrons se multiplier les « faux préjudices ».
Rien ne nous assure que les événements se dérouleront comme nous l’avons prévu, rien n’oblige les autres à se comporter comme nous le désirons.
Au lieu d’interpréter les différences comme des affronts, nous pouvons les voir comme de simples nuances qui ne nous menacent en rien.
Mieux encore, grâce à cette attitude, au lieu de nous refermer sur nous-mêmes, nous faisons preuve de l’ouverture d’esprit nécessaire pour respecter les autres et enrichir nos points de vue.
N’oublions pas que les autres peuvent beaucoup nous apporter.
De plus, puisque chacun possède ses propres représentations du monde, notre manière de voir les choses peut aussi heurter celle des autres.
Tant que nous n’avons pas développé cette ouverture aux autres et aux événements, nous restons « réactifs » et entretenons d’éternelles sources d’insatisfaction.
La question du sens est fondamentale pour qui cherche à accepter ce qu’il ne peut pas changer.
Pour idéaliser une situation, on doit absolument la croire possible même s’il ne s’agit que d’une pure invention.
Le seul moyen de surmonter notre tendance à idéaliser, c’est de se persuader (en y mettant une force de conviction au moins équivalente à celle que l’on investit dans nos chimères) que l’idéalisation est inutile et, par-dessus tout, nous rend malheureux.
Le simple fait de nous débarrasser de nos attentes trop élevées augmentera notre bien-être, et ce, de manière significative.
Comme je l’ai mentionné précédemment, l’idéalisation découle aussi de processus très sains, comme établir des buts réalistes et articuler des étapes progressives pour les atteindre.
Le tableau suivant décrit la différence entre ces deux manières opposées d’imaginer l’avenir.
Sorte de représentation | Émotions qui en résultent | État général |
Représentation réaliste (objectif à réaliser) |
Motivation, satisfaction, plaisir | Rend notre présent heureux |
Représentation irréaliste (idéal irréalisable) |
Insatisfaction, révolte, déprime |
Rend notre présent malheureux |
L’acceptation nous aide à admettre la réalité des états difficiles à supporter.
Plus généralement, elle corrige le sens que nous donnons aux choses de manière à rester réalistes.
À partir du moment où les balises de notre existence n’occasionnent plus de conflits, notre perception plus juste de la réalité nous permet de vivre harmonieusement.
Elle devient « confortable » et très satisfaisante.
Perdre une personne chère rend nécessairement triste.
Cependant, nous en souffrirons moins longtemps si nous acceptons la situation.
Dans le cas contraire, des émotions inutiles et destructrices comme la révolte ou la culpabilité accroîtront la douleur liée à la perte.
Il est impossible de changer le passé.
Seuls comptent désormais notre présent et l’avenir projeté de façon réaliste.
L’acceptation réoriente nos pensées avec fécondité en nous empêchant de « sombrer » dans nos souvenirs.
Grâce à elle, nous nous adaptons aux nouveaux événements de la vie, nous admettons le changement et y faisons face positivement, même à travers les épreuves.
Les distorsions cognitives telles que la sélection d’informations illustrent autant l’avantage que l’urgence d’utiliser des informations valides et suffisantes pour construire nos représentations du monde.
Notre bien-être sera possible si nous maîtrisons nos distorsions cognitives et mettons l’accent sur notre vie et non sur des situations fictives, idéalisées, qui finissent par nous miner.
Nous pouvons aussi nous perdre à travers la construction magnifiée de nos rêves.
L’idéal du bonheur est absolument légitime, mais il ne doit jamais s’édifier au revers d’une vie adoptant les teintes douloureuses de l’insatisfaction, de la peine ou de la culpabilité.
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Petit traité antidéprime. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
Et pour aller plus loin, je vous suggère la lecture de mes article:
- Sur ce qui vous empêche le plus de lâcher prise
- Pourquoi nous avons de la difficulté à lâcher prise
- Celui qui explique globalement comment le lâcher prise
- Et une autre stratégie efficace pour réussir à lâcher prise
Références
- FRANKL, V. (1960), «Paradoxical intention: A logotherapeutic technique», in American Journal of Psychotherapy, vol. 14, p. 520-525. Je vous recommande particulièrement la lecture de son best-seller Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie.
- KIDD, J. B. (1970), «The utilization of subjective probabilities in production planning», in Acta Psychologica, vol. 34, p. 338-347.
MARI a écrit
Bonjour Nicolas,
Votre article m’a beaucoup aidée, mais je me pose quelques questions.
Vous parlez d’acceptation des situations notamment par le fait de ne pas avoir d’attentes par rapport aux autres. Je prends un exemple dans la vie sentimentale: une femme à l’attente qu’aujourd’hui son mari l’appelle car cela fait une semaine qu’ils sont séparés, mais cela n’arrive pas. Elle se sent donc triste et négligée, par rapport aux attentes qu’elle se fixe.
Mais comment réussir à déterminer si une frustration est légitime ou si elle ne l’est pas du fait des attentes fixées vis-à-vis d’autrui? Comment savoir si l’on se respecte?
Je suis énormément dans cette réflexion en ce moment. J’ai tendance à tout relativiser et au final à me perdre en acceptant tout et je ne trouve pas la limite. Même quand une situation me fait du mal sincèrement je me dis que je ne peux pas projeter mes attentes, sauf que certaines d’entre elles sont peut-être légitimes?
Aux yeux des autres, je passe parfois pour la fille “trop bonne trop conne” qui accepte. Quand je souffre, je me dis ensuite que c’est parce que la situation active en moi des peurs (le rejet, l’abandon…) et que l’autre n’est donc pas fautif car il n’est pas la source de cette douleur, il vient juste l’activer. J’ai peur de devenir folle et de ne plus avoir de repères. Je n’ose souvent pas m’affirmer par peur du conflit. Au final je me perds.
Qu’en pensez vous Nicolas?
Cordialement,
Morgane
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour Morgane,
Votre question est très pertinente, et malheureusement aussi très complexe et il est impossible d’y répondre de manière univoque pour tout le monde et dans tous les cas. Évidemment, mon article ne suggère pas de tout accepter. C’est là en effet que se pose le très difficile défi de déterminer un critère de démarcation de ce que nous devons, ou pas, accepter.
Puisque chaque personne peut répondre à cette question de manière différente selon son niveau d’estime de soi, son expérience, ses blessures passées, son niveau d’exigence face aux autres et à la vie, etc., il est impossible de déterminer un seul critère universel.
Par exemple, Edison a peut-être inventé l’ampoule électrique parce qu’il n’acceptait pas de continuer à s’éclairer avec des lanternes à l’huile, même si créer une ampoule semblait peut-être impossible à son époque? Dans ce cas, nous sommes très heureux qu’il ne l’ait pas accepté!
Dans un autre ordre d’idées, il y a tout ce que nous n’acceptons pas mais sur quoi nous n’avons aucun contrôle, comme l’exemple de Pierre dans mon article qui, après 10 ans, n’accepte toujours pas la rupture avec sa femme alors qu’elle a refait sa vie et est heureuse.
Le mieux qu’on puisse faire, donc, est peut-être de se doter de critères généraux, sous forme de questions, qui s’appliquent au plus grand nombre de situations possibles, à pondérer ces questions et à mettre les résultats en relation:
1. Quel est le degré de contrôle que j’ai sur la situation? (de 1 à 10, par exemple, 1 étant strictement aucun contrôle et 10 un contrôle total)
2. À quel degré la situation nuit-elle à ce que je suis et à mon estime de soi? (encore une fois de 1 à 10)
Dans l’exemple de Pierre de mon article, les résultats qu’il donnerait aux questions seraient probablement « 1 » à la question 1 et « 10 » à la question 2.
La question 1 est très importante car elle détermine si nous devons ou non considérer les résultats de la question 2.
Puisque Pierre n’a absolument aucun contrôle sur la vie de son ex-femme, poser la seconde question n’est absolument pas pertinent, surtout après 10 ans et qu’elle a refait sa vie avec un autre.
Par contre, si on prend votre exemple: « une femme à l’attente qu’aujourd’hui son mari l’appelle car cela fait une semaine qu’ils sont séparés, mais cela n’arrive pas ». Je prendrai pour acquis que, dans votre exemple, ils sont séparés temporairement, à cause d’un voyage par exemple. Car s’ils sont séparés et ne forment plus de couple, cela ressemblera à mon exemple de Pierre: même si la situation « détruit intérieurement » cette femme, puisqu’elle n’a aucun contrôle sur son ex et qu’ils sont séparés, sa meilleure option revient à lâcher prise et accepter la situation pour réussir à faire le deuil de leur relation.
Mais je reprends l’exemple s’il ne s’agit que d’un voyage. Cette femme pourrait par exemple pondérer les résultats aux deux questions par « 3 » pour la question 1 et « 4 » pour la question deux.
À partir du moment où nous avons un certain contrôle sur la situation (une réponse disons à partir de 2 mais idéalement 3 ou plus à la question 1), si elle nous fait du mal (une réponse disons à partir de 2 ou 3 à la question 2), nous gagnons à essayer de faire quelque chose.
Dans ce cas, cette femme pourra expliquer ce qu’elle ressent à son mari en voyage pour le convaincre de l’appeler plus rapidement, si le contexte où il se trouve le permet. Elle ne contrôle pas son mari, et elle ne contrôle pas les conditions de son voyage, mais en lui expliquant la situation, elle pourra l’influencer positivement de manière à moins souffrir de ce silence quand il est en voyage.
Je pense à un autre exemple pour illustrer ces deux questions à l’œuvre: une personne perd son emploi, mais dans des conditions où son employeur exerce un abus et ne respecte pas les lois du licenciement.
Puisque cette personne a un certain contrôle face à la situation (disons « 4 » à question 1) et que cela nuit à sa vie (disons 6 ou 7 à la question 2), elle gagnera à utiliser les ressources, légales et autres, qui sont à sa disposition pour se battre contre ce licenciement abusif.
Sans être une solution miracle, les résultats des réponses à ces deux questions sont un outil utile pour déterminer à quel moment nous gagnons à lâcher prise et à quel moment il est bon de faire quelque chose pour ne pas nuire à notre estime de soi et à notre vie.
En terminant, je vous invite à lire cet autre article très détaillé sur le lâcher prise: https://www.nicolassarrasin.com/comment-lacher-prise
Antonin a écrit
Merci pour la clarté et la précision de vos articles et surtout, merci pour votre générosité.
Salutations de France
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci beaucoup Antonin !