Est-ce que vous ou certains de vos proches ont souvent les émotions à fleur de peau?
Est-ce que cette intensité émotionnelle est difficile à vivre et occasionne des problèmes au quotidien et à travers les relations avec les autres?
Il s’agit peut-être d’hyperémotivité.
Dans cet article, vous découvrirez en quoi consiste l’hyperémotivité et surtout quelles solutions vous pouvez appliquer pour vous aider à sortir de ces montagnes russes!
Muriel a toujours été sensible émotivement.
Aucune journée ne passe sans qu’elle ne vive des émotions intenses.
Même la plus petite situation risque de déclencher en elle un flot d’émotions vives.
Un petit commentaire de la part de sa mère à propos de sa manière de s’habiller était suffisant pour lui mettre les larmes aux yeux.
Elle avait quatorze ans lorsque cet événement s’est produit, et elle s’en souvient encore.
Quand elle avait 5 ans, son oncle l’appelait « la petite femme en colère ».
Ses parents s’inquiétaient de cette hyperémotivité, de cette tendance à surréagir aux plus petits événements.
Aujourd’hui, Muriel vit une vie aussi normale qu’elle le peut malgré les émotions qui s’imposent à elle à tout moment.
Cela lui complique la vie au travail, en couple et dans ses relations, et elle ne sait pas trop comment s’y prendre pour vivre ses émotions de manière plus équilibrée.
Peut-être vous retrouvez-vous en tout ou en partie dans l’histoire de Muriel?
Peut-être vivez-vous avec des proches qui lui ressemblent?
Mais d’où vient cette hyperémotivité?
Les émotions constituent la base du comportement humain. Nous ressentons tous des émotions à tous les jours.
Les émotions dépendent d’un ensemble de facteurs, comme les événements que nous vivons, nos pensées, nos expériences passées (souvenirs et traumatismes) et même de nos gènes (1).
La joie, la tristesse, la colère, la surprise et le dégoût sont quelques exemples de ces émotions (2).
La vie ne serait pas imaginable sans toute la richesse de ce que les émotions nous font vivre.
Cependant, pour certaines personnes, l’intensité des émotions et les réactions qu’elles occasionnent vont trop loin.
Comment définir l’hyperémotivité
L’hyperémotivité n’est pas un trouble psychologique en elle-même, tel qu’on le définit dans les livres de référence en psychologie et en psychiatrie.
Elle est une manière générale de désigner l’hypersensibilité et la réactivité à l'égard des émotions, qui sont plus fréquentes et plus intenses que la moyenne.
Tout comme chacun de nous a sa propre personnalité, nous vivons chacun différents types d’émotions à différents niveaux d’intensité.
Certaines personnes gèrent facilement leurs émotions.
Elles exercent donc un excellent contrôle sur la façon dont elles réagissent aux situations qui sont propres à susciter leurs émotions.
D'autres personnes ne bénéficient malheureusement pas de la même capacité de contrôle et elles peuvent réagir de manière excessive à différents événements.
Il ne faut pas confondre l’hyperémotivité avec l’expression normale des émotions.
Bien sûr, nous nous sentons tous tristes quand quelque chose de grave se produit et nous pouvons tous ressentir des émotions intenses à l’occasion.
Cependant, pour les hyperémotifs, les émotions peuvent devenir intenses à tout moment.
Imaginez que vous vivez chaque jour dans une montagne russe émotionnelle.
Imaginez être vivement troublé(e) à la moindre situation qui peut éventuellement déclencher des émotions.
Parfois, les hyperémotifs sont tellement habitués à cette intensité émotionnelle qu'ils oublient qu’ils pourraient vivre sans elle.
Ils en sont en quelque sorte habitués psychologiquement.
Et cette « habitude » peut interférer avec leur désir et leur volonté de mieux vivre avec leurs émotions.
L’hyperémotivité n’est pas seulement éprouvante pour les personnes qui la vivent.
Elle est aussi harassante pour celles et ceux qui font partie de l’entourage des hyperémotifs.
Car côtoyer une personne qui, par exemple, pique des colères et se met à crier pour un rien, n’est pas ce qu’on peut qualifier de reposant…
Pour les hyperémotifs, ce ne sont pas seulement le fait de vivre des émotions qui est intense.
Ils vivent aussi des réactions physiques plus intenses à ces émotions, telles que les tremblements, la tachycardie, la transpiration, etc.
Le niveau d’hyperémotivité ne reste pas non plus le même pendant toute la vie. Il peut fluctuer selon l’âge, le niveau de stress, etc.
Par exemple, si un enfant exprime des réactions émotives face à un grand nombre de situations, il peut être hyperémotif.
Mais l’hyperémotivité peut aussi se développer après qu’une personne soit victime d’un traumatisme important, comme un accident de voiture.
La sensibilité émotionnelle et l’intensité sont dues dans ce cas à un choc émotionnel.
Enfin, les réactions émotionnelles intenses et fréquentes peuvent aussi accompagner d’autres problèmes psychologiques, comme la dépression, le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) ou le trouble de personnalité limite.
Dans ce cas, l’hyperémotivité sera un symptôme et une conséquence d’autre chose, mais le problème lui-même.
Ainsi, il faut rester nuancé lorsqu’on parle d’hyperémotivité.
Elle n’est pas toujours signe d’autres problèmes, elle peut beaucoup varier en intensité et en durée d’une personne à l’autre et au cours de la vie, et elle n’est pas toujours mauvaise.
Une bonne compréhension de l’hyperémotivité et l’apprentissage de certaines méthodes de contrôle peuvent même permettre à la personne qui la vit d’en tirer profit!
Par conséquent, la compréhension du phénomène est extrêmement importante. Je vous en parlerai davantage dans la suite de cet article.
L’hyperémotivité en tant que « dérèglement » émotionnel
Les personnes hyperémotives souffrent d’un certain dérèglement dans la manière dont elles vivent leurs émotions.
Lorsque nous vivons des émotions, cela se déroule généralement à travers trois étapes:
1. L'émotion est provoquée par un événement interne (par exemple, penser à quelque chose qui vous rend triste ou en colère) ou un événement externe (un événement ou une situation qui vous contrarie, comme une dispute par exemple).
2. L'expérience émotionnelle est suivie d'une pensée (cognition) et d'une réponse physiologique / biologique (par exemple, des tremblements ou l’accélération des battements du cœur).
3. Viennent ensuite les comportements liés à l'émotion. Par exemple, une action physique (une gifle, un coup, etc.) ou l’évitement (se sauver et s’isoler).
Les personnes qui souffrent de ce genre de dérèglement émotionnel ont tendance à réagir de manière exagérée (étapes 2 et 3) à des situations qui provoquent habituellement des émotions modérées.
Par exemple, elles peuvent crier, pleurer, blâmer ou agresser (activement ou passivement) les autres.
Ces attitudes entraînent évidemment des problèmes relationnels et augmentent les conflits et le fait de se sentir malheureux, notamment à travers la dépression.
Il existe différents composantes au dérèglement émotionnel tel que je viens de le décrire:
- La sensibilité aux émotions: une situation banale peut déclencher de grandes réactions;
- Les émotions déséquilibrées: des hauts et des bas ainsi que des réponses émotionnelles non pertinentes au contexte (être triste après avoir reçu une bonne nouvelle, par exemple);
- L’absence de stratégies efficaces et appropriées pour réguler ses émotions;
- L'utilisation abondante de stratégies inefficaces et inappropriées pour réguler ses émotions.
L'hyperémotivité ne doit pas être considérée comme un trouble psychologique, mais plutôt comme une caractéristique personnelle, comme un « trait de personnalité ». (3)
Laissez-moi vous montrer en quoi consiste l'hyperémotivité à travers un exemple de la vie courante.
Imaginez que vous avez une mauvaise journée au travail et que vous recevez une critique négative de votre patron(ne).
La moyenne des gens, face à une telle situation, se sentiront mal pendant un certain temps et finiront par passer à autre chose.
Un hyperémotif, cependant, se sentira vraiment très mal.
L’émotion sera intense.
Il pourra même exprimer des réactions physiques intenses comme la colère ou la tristesse, et pourra ne plus être capable de travailler du reste de la journée et, dans certains cas, du reste de la semaine.
Les causes et les symptômes de l’hyperémotivité
L'hyperémotivité peut nous compliquer la vie, car la capacité à contrôler nos émotions nous aide à traverser sans heurt différentes situations.
Imaginez ne pas pouvoir contrôler vos émotions dans des situations sociales plus formelles ou officielles importantes, comme lors d’une entrevue pour obtenir un emploi.
Il est donc important de comprendre ce que traversent les hyperémotifs pour être en mesure de les respecter et de les aider.
Lorsqu’on considère l’hyperémotivité d’une personne, on doit considérer cette personne dans son intégralité.
C'est-à-dire que l’hyperémotivité doit être évaluée selon les contextes et les autres caractéristiques de la personnalité.
Voici plusieurs « symptômes » et traits importants de l’hyperémotivité:
1. Les hyperémotifs partagent souvent certains traits de personnalité, tels que la timidité, la tendance à être anxieux et l’hypersensibilité.
2. Ils ont de la difficulté à contrôler et à gérer leurs émotions: les émotions prennent toute la place et teintent ainsi les réactions.
3. Les hyperémotifs tendent à se percevoir souvent comme des « victimes ».
4. Ils vivent plus de difficultés que la moyenne dans leurs relations interpersonnelles.
5. Ils craignent d’être abandonnés par les autres, notamment par leurs proches.
6. Parallèlement à l'hyperémotivité, ils présentent souvent d'autres comportements et réactions à problème tels que des sautes d'humeur et une tendance à s'irriter rapidement et facilement.
Malgré cela, les hyperémotifs reconnaissent habituellement leur tendance à réagir de manière excessive à certaines situations.
Et l'hyperémotivité n'est pas toujours un problème. Certaines personnes apprennent à gérer leur hyperémotivité et à en tirer parti.
De plus, les hyperémotifs peuvent ressentir facilement les émotions des personnes avec qui ils sont en relation.
Ils sont capables d’entendre, en quelque sorte, le dialogue intérieur et le ressenti de celles et ceux avec qui ils parlent.
Autrement dit, ils peuvent vivre de l’empathie à un niveau supérieur à la moyenne.
Il s’agit donc d’une des manières dont l'hyperémotivité peut être utile, pour peu qu’on se préoccupe des autres et qu’on se soucie de leurs émotions, évidemment.
Cela montre combien les hyperémotifs ne sont pas indifférents à leurs « symptômes ».
Ils voient bien qu’ils ressentent les choses et y réagissent plus fortement que la moyenne.
Mais, à moins d’apprendre à mieux gérer cette intensité émotionnelle, le fait d’être conscient de cette particularité ne leur sera d’aucune utilité.
Un petit test de votre degré d'hyperémotivité
Si vous avez l’impression que vous ressentez les émotions plus intensément que les autres, répondez aux questions suivantes pour auto-évaluer votre niveau d'hyperémotivité:
- Est-ce que vous vous percevez comme étant très timide, anxieux ou hypersensible aux choses et aux événements?
- Avez-vous de la difficulté à gérer vos émotions?
- Ressentez-vous souvent la peur d’être abandonné, comme si les personnes que vous aimez allaient vous tourner le dos?
- Vivez-vous souvent des conflits avec les autres et avez-vous des difficultés dans vos relations interpersonnelles?
- Ressentez-vous souvent de l’irritabilité?
- Avez-vous souvent des sautes d'humeur?
- Globalement, considérez-vous que vous ressentez des émotions plus intensément que les autres?
Si vous avez répondu « oui » à plusieurs de ces questions, il est probable que vous viviez de l'hyperémotivité.
Si tel est le cas, ne vous inquiétez pas! Il existe de nombreuses pistes pour vous aider à mieux gérer vos émotions et transformer cette spécificité en avantage!
Des pistes pour vous aider à diminuer l’hyperémotivité et ses impacts négatifs
Vivre avec l’hyperémotivité n’est pas toujours facile, mais il est possible d’améliorer les choses!
Et il n’est pas important que la personne qui souffre d'hyperémotivité prenne le contrôle de ses émotions seulement pour elle-même.
C'est également essentiel pour son entourage.
Les personnes qui partagent leur vie avec les hyperémotifs, comme les amis proches, la famille, les parents et les enfants, sont toutes touchées par leurs réactions intenses.
Lorsque vous serez en mesure de prendre du recul vis-à-vis de vos émotions et de les observer comme le ferait une personne extérieure à vous-même, vous atteindrez un nouveau niveau de contrôle et de paix.
Vos émotions peuvent vous apporter beaucoup si vous apprenez à les gérer correctement.
Identifier et comprendre son hyperémotivité est une étape importante pour être en mesure d’agir sur la situation par la suite.
C’était l’objectif des sections précédentes de mon article.
Si vous considérez être une personne hyperémotive, que vous comprenez bien en quoi cela consiste et avez conscience des moments où cela vous touche, vous avez déjà des éléments importants en main.
Voici d’ailleurs quelques excellents outils, ressources et stratégies pour vous aider à réussir!
L’intelligence émotionnelle et l’hyperémotivité
L’intelligence émotionnelle est un type d’intelligence extrêmement important.
Elle est la capacité de comprendre et de prendre conscience de ses propres émotions pour mieux les gérer.
Elle implique aussi de tenir compte des émotions des autres dans nos relations.
Dans les dernières décennies, il y a eu beaucoup de recherche en psychologie sur ce sujet.
Et ce que ces recherches ont fait ressortir est très intéressant.
Par exemple, un bon niveau d’intelligence émotionnelle est relié au succès personnel dans la mesure où la capacité à contrôler ses émotions et à tenir compte des émotions des autres est important dans les relations autant que dans la capacité à poursuivre un objectif à long terme.
Et la bonne nouvelle, c’est que cette forme d’intelligence peut se développer.
Les hyperémotifs sont efficaces pour reconnaître et comprendre leurs propres émotions.
Cette capacité s’applique également à la compréhension des émotions des autres.
Cependant, la composante fondamentale de l’intelligence émotionnelle avec laquelle les hyperémotifs ont de la difficulté est la gestion et le contrôle de leurs émotions.
Ainsi, la clé pour mieux vivre avec l’hyperémotivité consiste à apprendre et à développer ces compétences essentielles.
Contrôler vos émotions ne signifie pas que vous devez les cacher, les rejeter ou les supprimer!
Cela signifie simplement que vous devez apprendre:
- À tolérer et à accepter vos émotions, même si elles sont difficiles;
- À minimiser la source de vos émotions négatives (les pensées tordues ou « distorsions cognitives ») qui en fait croître la fréquence et l’intensité;
- À considérer l’impact négatif que l’expression de vos propres émotions a sur les autres et sur leurs propres émotions (surtout si vos émotions sont « explosives », comme la colère);
- À exprimer vos émotions d’une manière constructive, idéalement au bon endroit, au bon moment et à la bonne intensité.
À la fin de cet article, je vous réfère à des ressources accessibles sur mon site pour vous aider à développer votre intelligence émotionnelle.
La méditation de pleine conscience est aussi un bon complément pour gérer ses émotions et calmer l’agitation intérieure (4).
Cependant, elle doit être pratiquée régulièrement pour donner de bons résultats.
Par exemple, une période de 20 minutes par jour peut être suffisante, mais seulement si vous la pratiquez sans sauter trop souvent de jours sans méditer.
Si vous débutez, même 10 minutes par jour peuvent donner des effets bénéfiques.
Vous pourrez par la suite augmenter la durée à mesure que vous aimerez méditer et, surtout, que vous en vivrez les effets bénéfiques.
L’auteur, neuroscientifique et moine bouddhiste Matthieu Ricard explique comment tirer profit de la méditation.
Voici d’ailleurs mon entrevue avec lui qui vous le présentera et référera à certains de ses livres qui vous aideront à aller plus loin en ce sens.
Pour rester motivé(e), un petit truc consiste à noter vos progrès dans un journal ou un cahier.
Cela vous permettra de garder une trace de ce que vous faites et, surtout, des améliorations qui se produisent.
N’hésitez d’ailleurs pas à noter les exemples de ce que vous vivez.
Cette stratégie pourra même vous aider à identifier les pistes qui fonctionnent le mieux pour vous et que le fait de prendre des notes vous aidera à identifier (et à conscientiser).
Voici une stratégie simple pour réguler vos émotions:
Première étape: le quoi
Apprenez-en le plus possible sur vos émotions, et prenez-en davantage conscience quand vous en ressentez.
Une excellente façon de procéder consiste à vous rappeler une ou plusieurs situations émotionnelles récentes et la manière dont vous y avez réagi.
Prenez un cahier et notez chaque situation en détail ainsi que vos réactions.
Cela vous aidera à être plus sensible « rationnellement » à vos émotions lorsque vous en vivrez.
Par la suite, à mesure de vous vivrez des émotions intenses (surtout les émotions négatives que vous aimeriez vivre moins souvent et moins intensément), notez le contexte et vos réactions dans votre cahier.
Deuxième étape: le pourquoi
Essayez de déterminer pourquoi vous avez réagi comme vous l'avez fait dans ces situations que vous notez et où vous avez vécu de l’hyperémotivité.
Cela vous aidera à comprendre les raisons sous-jacentes à vos émotions et les pensées et les contextes qui tendent à les déclencher.
Troisième étape: les alternatives
Imaginez que vous vivez de nouveau l’une des situations émotionnelles que vous avez notées.
Que feriez-vous différemment pour éviter les éléments déclencheurs de ces émotions négatives et intenses?
Notez le plus exactement possible ce que vous feriez.
Quatrième étape: le plan
Il est maintenant temps d’établir un plan d’action pour la prochaine fois que vous vivrez une situation qui sollicitera vos émotions d’une manière trop intense qui risque de vous nuire ou de générer des difficultés avec les autres.
Ce plan vous permettra d’appliquer l’intelligence émotionnelle au moment où vous en avez le plus besoin.
Reprenez les trois premières étapes, particulièrement l’étape 3.
À partir des différentes manières plus constructives dont vous pouvez réagir à différentes situations qui sollicitent vos émotions, identifiez ce qui vous semble le plus efficace.
Par exemple, voici des manières efficaces pour sortir des émotions négatives quand vous les vivez:
- Évitez de vous mettre en contact inutilement avec ce qui suscite des émotions négatives. Par exemple, si un souvenir de votre passé vous fait de la peine ou vous met en colère, évitez de vous complaire dans ce souvenir car vous saurez qu’il déclenchera des émotions négatives.
- Pensez aux conséquences que vos émotions pourraient avoir sur votre bien-être et celui des autres: le fait de garder en tête les souffrances qu’elles peuvent provoquer vous motivera à les contrôler. Par exemple, j’ai lu l’autre jour dans le journal qu’une querelle entre deux conducteurs, parce que l’un a coupé l’autre sur une rue, a dégénéré: l’un des deux conducteurs a coupé un doigt à l’autre avec ses dents et a fini en prison. L’autre a donc perdu un doigt! Il s’agit de conséquences extrêmes pour de la colère mal gérée…
- Identifiez et neutralisez les distorsions cognitives qui suscitent et entretiennent vos émotions négatives: vos pensées jouent un rôle important pour susciter et entretenir vos émotions. Pour en apprendre davantage sur le sujet, voici un article qui explique le fonctionnement des distorsions cognitives.
- Se distraire ou s’isoler de la situation pour ventiler: Parfois, l’intensité émotionnelle est telle que les autres stratégies ne fonctionnent pas. Il est utile alors de se distraire ou de s’isoler de la situation pour ventiler, faire retomber la poussière et pouvoir revenir ensuite de manière plus posée et constructive.
- Se pratiquer à appliquer le lâcher prise: cela fonctionne surtout lorsque vous n’avez aucun contrôle sur les situations qui suscitent vos émotions, qu’il ne sert à rien de vous battre et que vos émotions ne servent alors qu’à vous faire souffrir inutilement.
Pour que votre plan soit efficace, il doit être simple et facile à retenir.
Ainsi, la prochaine fois que vous vivrez des émotions négatives et désagréables, vous saurez quoi faire pour mieux les contrôler et en diminuer l’intensité.
Vous vous serez préparé(e), car vous pouvez véritablement agir et réussir!
Cinquième étape: le mot-clé pour utiliser le plan d’action
Avoir un plan, c’est bien. L’utiliser quand vous en avez besoin, c’est mieux!
Comme l’explique le psychologue Daniel Goleman dans son livre L’intelligence émotionnelle, quand on vit des émotions intenses, il s’agit d’un véritable « putsch » dans notre cerveau.
Ce sont nos émotions qui prennent le contrôle…
Puisqu’il n’est pas aisé de rester rationnel pour appliquer notre plan d’action pendant une telle situation, il existe un truc très utile pour vous aider.
Choisissez un mot-clé qui vous indiquera qu’il est temps d’appliquer votre plan d’action dans la situation pour éviter que les choses n’empirent.
Ce mot-clé peut être par exemple:
- Stop!
- Arrête!
Le but d’avoir un tel mot-clé est qu’il est plus facile à retenir et à utiliser quand les choses tournent mal.
Le fait d’y penser et de vous le dire vous aidera à changer le registre de ce que vous vivez et à diminuer l’intensité émotionnelle, car il vous fera penser d’appliquer votre plan d’action.
Je vous suggère de vous pratiquer à utiliser ce mot-clé et votre plan d’action même dans des situations où l’intensité des émotions négatives est modérée.
Cela vous aidera à prendre l’habitude de l’utiliser et vous deviendrez surtout plus efficace lorsque vous en avez besoin!
L’utilisation du mot-clé et de votre plan d’action vous permettront de ne plus réagir automatiquement lorsque vous rencontrerez une situation qui suscite vos émotions.
À terme, vous serez même capable de vous arrêter au milieu de votre réaction pour vous donner un moment de répit pour réfléchir et mieux gérer votre réaction!
Sixième étape: l’arrêt
Le Saint Graal de l’intelligence émotionnelle est d’arriver à véritablement court-circuiter les émotions qui s’imposent à nous (leur « putsch ») pour les maîtriser et éviter leurs conséquences fâcheuses.
En utilisant votre mot-clé (étape 5), votre plan d’action (étape 4), et en apprenant à vous comprendre à travers vos émotions (étapes 1 à 3), vous vous entraînerez et, progressivement, vous deviendrez de plus en plus efficace.
Pour conclure sur cette stratégie qui permet de diminuer l’hyperémotivité
Contrairement à ce que beaucoup de personne croient, nous avons tous la capacité de mieux gérer nos émotions.
Si vous considérez cet exercice avec sérieux et que vous prenez le temps de mettre en œuvre un bon plan d'action lorsque vous avez des réactions émotionnelles intenses, vous aurez de très belles surprises.
Nous réagissons souvent de manière automatique.
Et qui dit automatisme dit habitudes.
Mais les habitudes peuvent être changées!
Il est donc extrêmement profitable de consacrer le temps et les efforts à maîtriser cette stratégie et de développer votre intelligence émotionnelle.
C’est toute votre vie qui en bénéficiera!
La stratégie STOPP pour se libérer de l’hyperémotivité
Pour aller plus loin dans la voie que nous venons d’emprunter, j’aimerais vous proposer une autre stratégie qui vous aidera si vous êtes hyperémotif.
Il s’agit de la stratégie STOPP.
Vous l’aurez deviné, « STOPP » est un acronyme dont les lettres constituent un aide-mémoire pour chacune des étapes.
Voici chaque étape de cette stratégie et ce qu’elles vous suggèrent de faire lorsque vous vivez une réaction hyperémotive:
S signifie « S’arrêter » et prendre une pause, juste pour un moment.
T signifie « Temporiser ». C’est le moment de prendre de grandes respirations et de vous concentrer sur votre souffle et l’air qui entre et qui sort de vos poumons.
O est pour « Observateur », c'est-à-dire que vous pouvez observer vos propres pensées comme si vous étiez une personne extérieure à vous-même.
Vous poser les questions suivantes peut vous aider dans cette étape:
- Quels sont les événements auxquels je pense et auxquels je réagis?
- Sur quoi est-ce que je me concentre et qui me fait vivre ces émotions dans la situation?
- Quelles sensations est-ce que j’éprouve, quelles sont les réactions physiologiques qui se produisent dans mon corps?
En répondant à ces questions, essayez de vous distancier de ce que vous vivez et de le décrire à partir des faits les plus objectifs possibles et en évitant d’employer intérieurement des mots ou des commentaires qui pourraient susciter davantage d’émotions.
P: Le premier P de STOPP est mis pour « Perspective ». Le but de cette étape est de vous aider à voir les choses dans un contexte plus large.
Encore une fois, les questions suivantes pourraient vous aider:
- Comment un(e) ami(e) de confiance pourrait voir cette situation qui me fait vivre ces émotions intenses? Est-ce qu’il/elle réagirait comme moi?
- Comment d’autres personnes (en général) réagiraient à cette situation?
- Mes pensées sont-elles objectives (c'est-à-dire qu’elles décrivent la réalité de manière fidèle à partir de faits) ou subjectives (c'est-à-dire que la perception de la situation est brouillée par mes émotions et risque de ne pas décrire la réalité)?
- Si une explication plus rationnelle existe qui m’aiderait à voir les choses autrement et à désamorcer ma réaction émotionnelle, quelle est-elle?
- Est-ce que ce que je vis est important au point d’y réagir aussi fortement? Autrement dit, est-ce que je risque de m’en préoccuper encore dans 2 mois? Sinon, la situation ne mérite peut-être pas ma réaction.
P: Et le dernier P signifie Positif et Pratiquer (donc on pourrait finalement nommer cette stratégie STOPPP, avec trois P, mais ça commencerait à en faire beaucoup…)
L’objectif est de voir combien vous apporte le fait de sortir de vos émotions intenses (le Positif) et vous pratiquer à maîtriser ce processus.
Demandez-vous:
- Qu’est-ce qui est le mieux pour moi et pour les autres dans la présente situation?
- Est-ce que mes émotions m’aident à me sentir mieux et à enrichir mes relations?
- Au contraire, est-ce que mes émotions sont trop fortes et trop fréquentes pour m’aider dans la situation et en général?
- Comment puis-je agir de la manière la plus appropriée possible?
- Comment ai-je réussi à améliorer les choses la dernière fois?
Évidemment, toutes les questions que je vous suggère à travers les différentes étapes de cette méthode ne sont que des exemples.
N’hésitez pas à enrichir ces listes de questions avec d’autres que vous trouverez et qui vous aident. Cela fera partie du processus qui vous aidera à maîtriser la méthode STOPP.
L’ultime P vise d’ailleurs à vous rappeler de Pratiquer cette méthode aussi souvent que possible.
Si vous commencez à l’appliquer à chaque fois que vous avez une réaction émotionnelle intense et négative, vous deviendrez de plus en plus efficace pour gérer ce qui risque de déraper, pour ne pas laisser les émotions prendre le contrôle.
N’oubliez pas que l'hyperémotivité sera aussi importante dans votre vie que la place que vous lui accorderez.
Avec des efforts et de la pratique, vous pouvez réussir à l’apprivoiser.
L'important est de commencer et de ne pas vous décourager en route.
Vous verrez alors toutes les beaux résultats que vous obtiendrez!
Mais apprivoiser ses émotions et bien vivre avec elles n'est pas si facile...
C'est la raison pour laquelle j'ai développé une formation vidéo très complète qui vous permet d'appliquer les meilleures méthodes pour cesser progressivement de souffrir de vos émotions:
Bien que l'hyperémotivité ne soit pas un trouble mental, j’aimerais aussi vous référer à certaines psychothérapies qui peuvent vous aider si vous ne sentez pas la force ou la motivation de débuter le processus seul(e).
Les deux orientations psychothérapeutiques que je vous présente ci-dessous sont particulièrement efficaces en relation à l’hyperémotivité.
Pour consulter de l’aide, vous pourrez donc recherchez des psy qui sont de ces orientations.
La psychothérapie interpersonnelle en faveur de l’hyperémotivité
Puisque l'hyperémotivité implique des problèmes relationnels, la psychothérapie interpersonnelle peut s'avérer très utile.
En thérapie interpersonnelle, l'accent est mis sur la résolution des problèmes interpersonnels (communication, conflits, expression des émotions, etc.)
La thérapie interpersonnelle est basée sur l’idée selon laquelle les relations et les événements de la vie ont un impact sur nos humeurs et nos émotions, et vice versa (l’humeur et les émotions influencent les relations, les événements et notre manière de les vivre).
Si vous vous concentrez à améliorer vos relations en tirant profit de la psychothérapie interpersonnelle, les problèmes émotionnels diminueront également, car elle vous aidera à identifier et à exprimer vos émotions pour mieux les vivre.
La thérapie cognitive comportementale (TCC) pour aider l’hyperémotivité
Les outils et les stratégies que propose la thérapie cognitive comportementale peuvent être très utiles pour gérer les émotions trop intenses.
La thérapie dialectique comportementale, un type particulier de TCC, est très utile à ce niveau.
Elle aide d’abord à comprendre les émotions, permet de les recevoir et de les accepter pour, ensuite, en diminuer l’intensité, la fréquence et, donc, la souffrance qu’elles occasionnent.
L’objectif de la thérapie dialectique comportementale est d’accepter les émotions et, ainsi, aider à éviter le dérèglement émotionnel, c’est-à-dire l'incapacité de contrôler les émotions et les laisser « déborder ».
La thérapie dialectique comportementale aide à tous les niveaux de l’hyperémotivité.
Elle permet de comprendre comment (et quand) les émotions deviennent source de souffrance, mais sans être fondamentalement mauvaises pour autant, car nous devons les accueillir et non pas les rejeter.
La TDC aide à accepter le fait qu’il est impossible d’échapper aux émotions négatives dans la vie; on doit s’attendre à en vivre de temps en temps.
Et être une personne équilibrée émotionnellement ne signifie pas que l’on arrête de vivre des émotions négatives.
Certaines stratégies de régulation des émotions que propose la thérapie dialectique comportementale consistent:
- À comprendre ses émotions et à les accepter;
- À tirer profit de la méditation de pleine conscience;
- À apprendre à lâcher prise des émotions difficiles et douloureuses.
La pleine conscience peut se décrire comme le fait de simplement « vivre le moment présent ».
Elle diminue notre tendance à sauter d’une pensée à l’autre pour nous détacher simplement de ces pensées.
Par exemple, au lieu de penser « Je dois faire le lavage et l’épicerie tout à l’heure », la pleine conscience vous aide à prendre de la distance en vous disant « Mes pensées portent sur le lavage et l’épicerie que je dois faire tout à l’heure ».
Cela aide à prendre conscience des pensées que vous avez et de les garder à distance au lieu de simplement les laisser vous envahir.
Justement, mon livre sur le lâcher prise contient plusieurs chapitres qui expliquent comment tirer profit de la pleine conscience (stratégies et exercices complets) pour vous libérer des émotions négatives qui vous font souffrir.
Mais si vous sentez que vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas à aller consulter.
Voici d’ailleurs une page qui vous aidera à trouver un(e) psychologue pour vous aider.
Alors, si l’hyperémotivité vous touche de près ou de loin, est-ce que mon article vous a plu?
Vous a-t-il été utile?
Si vous avez des questions, des conseils ou des témoignages à partager et qui pourraient aider les autres, n’hésitez pas à utiliser les commentaires ci-dessous. Ils sont là pour ça!
En terminant, voici deux autres articles qui pourraient vous intéresser:
Références
1. Par exemple: Heejung S. Kim et al., «Gene–Culture Interaction: Oxytocin Receptor Polymorphism (OXTR) and Emotion Regulation», Social Psychological and Personality Science, 2011, vol 2, no 6, p. 665-672.
2. Le chercheur en psychologie Paul Ekman a beaucoup travaillé sur la typologie des émotions. Voici quelques exemples.
3. Randy J. Larsen et Ed Diener, «Affect intensity as an individual difference characteristic: A review», dans Journal of Research in Personality, 1987, vol. 21, no 1, p. 1-39.
4. Peerayuth Charoensukmongkol, «Benefits of Mindfulness Meditation on Emotional Intelligence, General Self-Efficacy, and Perceived Stress: Evidence from Thailand», dans Journal of Spirituality in Mental Health, 2014, vol. 16, no 3, p. 171-192.
Lunatique a écrit
Bonjour Nicolas,
Je suis une de vos meilleures fans. Le contenu de votre blogue ne cesse de me surprendre par sa grande qualité. Souvent, j’ai l’impression que les gens autour de moi ne me comprennent pas. Alors je lis votre blogue et je me sens moins seule.
Comme les gens que vous décrivez dans cette page, j’ai de la difficulté à gérer mes émotions. Mon hyperémotivité a des conséquences sur mes relations professionnelles et sur mon couple. Je travaille très fort à prendre conscience des émotions que je vis et c’est un défi de tous les jours. Auparavant, je ne connaissais pas de stratégies pour m’aider à améliorer ma situation. Je voulais vous remercier de partager avec nous votre savoir si précieux.
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci beaucoup !
Ce que vous me dites me touche beaucoup et je suis très heureux que mon blogue en général, et cet article en particulier, puissent vous être utile. C’est mon but le plus cher en partageant ce contenu.
À bientôt !
Noujoude a écrit
Bonjour,
En faisant des recherches aujourd’hui sur l’hyperémotivité, je suis tombé sur votre blog. J’étais en pleine crise émotive à pleurer après avoir vu une mauvaise nouvelle mais pas assez mauvaise pour mériter des pleurs. De ce fait, j ai cherché pourquoi je pleure souvent quand je suis déçu, mon ressenti est très très fort. Votre blog m’a aidé à comprendre. Merci!
Nicolas Sarrasin a écrit
Bonjour,
Je suis heureux que mon site ait pu vous être utile. Mais n’oubliez pas qu’une grande sensibilité émotionnelle peut aussi être due à d’autres causes, comme la dépression. Si vous avez un doute, je vous invite à consulter un(e) psychologue ou votre médecin pour vous assurer que tout va bien.
Je vous souhaite le meilleur.
Annabelle a écrit
Bonjour, je faisais également des recherches sur l’hyperémotivité, et je suis tombée ici…
J’ai lu avec attention tout ce que vous avez dit. Je vous remercie beaucoup pour toutes les informations que vous avez partagées avec nous, et plus encore pour les conseils pour vaincre cette hypersensibilité.
Je suis souvent très anxieuse, je repense souvent à toutes les mauvaises choses qui me sont arrivées, rupture, échecs… Et je me mets à pleurer pour un oui ou pour un non de façon disproportionnée. Je me rends compte que souvent je suis ridicule à pleurer, m’énerver ou crier pour rien, mais je ne savais pas quoi faire pour essayer de canaliser tous ces sentiments, pour les contrôler.
Et ça fait un moment que je songe à écrire les situations qui me font souffrir, afin d’essayer de mieux les comprendre !
Après avoir lu ce que vous avez écrit, je vais l’appliquer, je vais mettre en pratique ce que vous avez préconisé. Ça m’a donné de l’espoir et j’espère vraiment pouvoir enfin sortir de tous ces tourments !
Merci encore !
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci aussi de votre commentaire Annabelle.
Je suis heureux que mon article vous ait été utile. Je vous recommanderais cependant aussi de consulter un(e) psychologue car ce que vous décrivez peut ressembler à la dépression (ressasser le passé et pleurer beaucoup). Et d’excellentes approches peuvent vous aider à travers la thérapie cognitivo-comportementale, le cas échéant.
Je vous souhaite le meilleur.
Magali a écrit
Un énorme MERCI… Je vais tenter de mettre tous vos conseils en pratique pour mieux vivre…
Nicolas Sarrasin a écrit
Je suis heureux que mon article vous ait été utile. Je vous remercie de me l’avoir partagé. 🙂