Ralentir permet d’aller plus vite. (Alain Marillac)
Le risque, lorsque nous nous accrochons suffisamment pour réaliser nos objectifs, c’est justement de ne plus savoir quand nous arrêter.
L’entêtement est parfois pire que l’immobilisme.
La réalisation de soi et l’authenticité découlent beaucoup de l’équilibre entre l’action et le lâcher prise.
Voici des pistes pour cultiver avec bonheur cet équilibre !
La sagesse du discernement
Si la sagesse consiste à poser les bonnes actions pour s’accomplir, elle découle aussi de la tempérance et de l’acceptation de la réalité. Alors, sommes-nous toujours bien sages ?
Les valeurs de notre société de la consommation et de la performance nous commandent souvent de réussir coûte que coûte.
Et quand on va à vive allure, on manque parfois un virage et vlan ! dans le mur.
Il n’est pas toujours facile de se relever après ça… On regrette, on s’autodénigre, et nourrit le petit monstre qui dort à l’intérieur de nous…
Pourtant, la meilleure décision consiste souvent à accepter les événements tels qu’ils sont.
Et il ne s’agit pas là d’aplaventrisme. Car il faut souvent beaucoup de courage pour accepter la réalité, surtout lorsqu’elle heurte notre orgueil.
Par exemple, vous faites tout ce qu’il faut pour préparer un voyage qui vous tient à cœur.
Quelques jours avant de vous envoler, l’agence de voyages vous annonce que des événements climatiques hors de son contrôle ont détruit une partie de l’hôtel où vous alliez séjourner.
Vous serez remboursé mais votre voyage est annulé. Aussi frustrante que soit la situation, vous devez faire le deuil de ce voyage que vous chérissiez…
Ça nous est presque arrivé l’hiver dernier lors de notre voyage au Mexique.
Nous devions nous lever à 4h du matin (le taxi passait nous prendre à 4h30) pour un décollage à 7h30.
Moi qui suis d’ordinaire très fiable, j’ai bien mis 4h au cadran MAIS J’AI OUBLIÉ D’ACTIVER LA SONNERIE !
Si la compagnie de taxi n’avait pas appelé à 4h15, c’en était fini de notre semaine au soleil !
Je vous jure que j’aurais eu de la difficulté à lâcher prise…
Seuls les fous ne changent pas d’avis, dit l’adage. L’acharnement ne frise-t-il pas parfois la déraison ? La réalisation de soi et le lâcher prise sont les deux faces d’une même médaille.
Tracer la ligne entre lâcher prise et persévérance
La capacité à atteindre nos objectifs dépend de notre degré de motivation.
Or, l’action implique le risque d’échouer.
Et l’échec fait peur… et immobilise.
Pire, lorsque nous échouons, lorsque nous faisons une erreur, combien de fois pestons-nous amèrement contre nous-même ?
Accepter de nous tromper: là se situe aussi le lâcher prise…
Prenez quelques instants pour réfléchir aux situations où vous vous sentez le plus motivés.
Quelles sont les raisons fondamentales qui vous mobilisent à faire quelque chose ?
Le sens profond que vous associez à vos actions y est pour beaucoup.
Ainsi, dans tout ce que vous entreprenez, assurez-vous que ce que vous faites correspond à la vision que vous vous êtes donnée dans votre vie, c’est-à-dire l’horizon de sens général qui vous motive, les grands objectifs que vous désirez atteindre.
C’est lorsque le sens est trop restreint que vous aurez de la difficulté à lâcher prise.
Le Petit Robert définit l’échec comme « le revers éprouvé par quelqu’un qui voit […] ses espérances trompées ».
Pour savoir si nous échouons ou non, nous devons donc consulter nos attentes…
Imaginez une artiste qui n’est pas satisfaite de son œuvre.
Elle la verra comme un échec si ses attentes ne visaient que l’œuvre elle-même.
Elle verra son œuvre comme un succès si elle se concentre davantage sur l’apprentissage que cette oeuvre lui a permis de réaliser.
Quelle situation est la plus facile à accepter ?
C’est la différence entre un sens et des attentes restreints ou plus vastes.
Plus nos attentes sont vastes, plus nous enrichissons notre vision et moins nous courons le risque « d’échouer ».
Mais encore faut-il que cette vision corresponde à ce que nous sommes vraiment !
Autrement dit, il faut formuler nos buts à partir de ce qui est important pour nous, et non pour faire plaisir aux autres ou pour rassurer de nos insécurités morbides…
Avec de la perspective, vous constatez que vos buts et vos actions font partie d’objectifs beaucoup plus vastes, comme améliorer votre vie.
Ainsi, le fait d’accepter que les choses n’aillent pas toujours comme vous l’espérez vous permettra d’obtenir un peu plus tard des résultats beaucoup plus grands.
Si vous désirez approfondir le sujet, j’ai écrit un livre sur le lâcher prise rempli d’exercices et de stratégies qui ont déjà aidé de nombreuses personnes.
Il y a aussi la possibilité d’identifier ce qui nous empêche le plus de lâcher prise.
D’autres solutions pour réaliser vos buts tout en sachant lâcher prise
Soyez votre propre lumière
Dans l’un de ses derniers livres, Guy Finley, le spécialiste du lâcher prise, nous explique que nous pouvons construire notre vie sur des bases plus solides.
Selon lui, une raison importante pour laquelle nous avons de la difficulté à accepter certaines dimensions de notre vie découle de besoins imaginaires que nous ne pouvons combler.
C’est que nous sommes parfois prompts à nous construire des châteaux en Espagne.
Nous devons impressionner les autres, obtenir des résultats facilement…
Pour nous libérer de ces chimères, Finley propose de franchir les limites de nos illusions en cessant de blâmer les autres et les événements et opter pour un horizon plus réaliste.
Voici d’ailleurs un article complet qui vous propose d’excellentes stratégies pour vous aider à lâcher prise et un autre qui explique pourquoi nous avons de la difficulté à lâcher prise.
Ce thème fait écho aux recherches en psychologie positive du docteur Martin Seligman.
Au lieu de poursuivre une recherche sans fin de beauté, de succès et de richesse, qui sont des valeurs typiquement américaines ou « Occidentales », nous pouvons construire notre vie à partir de vertus qui ont traversé les siècles et les cultures: l’amour, la tempérance, la sagesse et la connaissance, le courage et la transcendance.
Le propre de ces vertus est de nous faire ressentir un grand bonheur à chaque fois que nous les faisons nôtres.
Par exemple, si vous aidez une mère à remonter les marches de l’autobus avec le carrosse de son enfant, vous faites preuve d’altruisme (amour), ce qui vous rend heureux.
Vous aurez fait un petit effort, mais cet effort aura été source d’une grande gratification.
Poursuivre ces vertus au quotidien, même si cela semble beaucoup moins sexy que l’argent, le pouvoir et le succès tous azimuts, vous apportera une chose précieuse que tous ces avatars de la société de consommation ne pourront jamais vous offrir: le bonheur.
D’ailleurs, quand j’aborde le sujet de l’argent dans ce blogue, ce ne sera jamais comme une fin en soi mais comme un moyen très utile pour nous libérer temps et énergie pour nous réaliser, et non pour consommer bêtement comme la publicité nous prescrit de faire.
Vivez à vitesse « petit v »
Pour avancer malgré les difficultés, ne vaut-il pas aussi parfois diminuer la cadence ?
C’est ce que prône l’auteur Alain Marillac dans son livre Mollo ! La philosophie du temps de vivre.
Il dit que « Chacun revendique son droit à une vie agréable et pleine, mais la majorité des humains se refusent à passer du temps en leur propre compagnie.
Dans la pensée Mollo, l’être humain se retrouve face à lui-même avec ses capacités à travailler mais aussi à ne rien faire, donc à s’occuper de lui. »
Il s’agit d’accepter ses forces, ses faiblesses et d’inscrire ses résultats dans l’esprit d’une vie plus équilibrée.
Comment trouver l’équilibre entre réalisation de soi et lâcher prise
En terminant cet article, j’aimerais laisser la parole à Crapaud, ce grand sage de la mare, lorsqu’il s’adresse au Prince qui ne se trouvait pas charmant:
« Trouver cet équilibre entre la réalisation de tes buts et la capacité à lâcher prise de l’échec, comme toute entreprise de développement personnel, te demandera du temps et des efforts. Ça te demandera d’être à l’écoute de toi-même, de t’arrêter, de réfléchir, de gérer les émotions qui te disent de te révolter. Bref, c’est exigeant.
Mais comme tout travail d’amélioration, tu peux t’y consacrer progressivement, commencer doucement, rester à ton rythme. Et comme tu oublieras rapidement de le faire la prochaine fois que tu auras à faire cet effort, je te rappelle 7 clés que tu peux essayer de retenir:
- Élargis l’horizon de tes attentes et de ta vision: tu feras fuir les frustrations, ces sales bestioles que j’aime avaler presque autant que les mouches !
- Assure-toi que tu peux changer quelque chose aux différentes situations auxquelles tu fais face avant de te battre. Il n’y a rien de plus futile que de te frapper volontairement la tête à un mur…
- Concentre-toi sur ce que chaque situation t’apporte de constructif, car dans le pire se cache presque toujours le meilleur.
- Développe tes vertus et recherche les grandes gratifications dans les petits efforts: tu aideras ton bonheur à s’épanouir.
- Détermine tes objectifs à partir d’une connaissance réelle de toi-même: tu sauras ainsi d’où tu viens et où tu vas.
- Libère-toi de tes illusions et poursuis des buts réalistes pour un Prince comme toi, comme combattre les dragons et les magiciens maléfiques (on est dans un pays magique après tout !)
- Ralentis le rythme et profite bien de ce que chaque moment t’apporte. Personnellement, j’aime bien goûter à la douce brise d’été lorsque je suis étendu sur un nénuphar… Ça m’aide à méditer. »
Le Prince, qui aimait (presque) toujours écouter le Crapaud (car il lui tape aussi parfois sur les nerfs avec toutes ses recommandations), le remercia et lui promit d’essayer de suivre au moins une ou deux de ces clés dès que l’occasion se présenterait.
Pour aller plus loin:
Alors, comment trouvez-vous les conseils du Crapaud ?
Arrivez-vous à lâcher prise lorsqu’il le faut, lorsque vous ne pouvez plus rien obtenir d’une situation, pour continuer à avancer malgré tout, mais dans une nouvelle direction ?
Les commentaires sont là pour vous.
Pascale dit
Lorsqu’on lit des articles sur le lâcher prise, il s’agit TOUJOURS de moi, moi, moi.
Ma question: pourquoi pas un article ou un livre sur le lâcher prise, non pas sur soi-même, mais sur le fait de réaliser qu’il n’est pas possible de changer le monde horrible dans lequel nous vivons, et que toute stratégie reste infructueuse.
Nicolas Sarrasin dit
Je ne sais pas si je saisis bien votre propos, mais je crois qu’il est difficile d’écrire sur le lâcher prise en faisant abstraction du sujet qui doit lâcher prise (soi-même: le fameux “moi”).
Et même si je partage votre perspective sur le monde dont l’état n’est guère réjouissant, je crois néanmoins qu’il est possible de changer certaines choses: celles sur lesquelles nous avons du contrôle, même si, en effet, nous n’avons pas de contrôle sur la plupart des dimensions du monde.
Peut-être pourriez-vous écrire ce livre sur la perspective que vous suggérez, sur l’angle que vous aimeriez voir aborder ?