Des malheurs évités le bonheur se compose. (Alphonse Karr, Les guêpes)
Tel que promis quand j’ai commencé mon blogue au début 2015, l’un de ses objectifs était de vous partager le contenu entier de mes livres (seulement les plus intéressants…) que j’ai écrits et publiés par le passé.
Honnêtement, à travers mon expérience avec différents éditeurs, distributeurs et avec les librairies, à moins de s’appeler JK Rowlings, il est très rare que ce système soit à l’avantage des auteurs…
Alors après avoir publié mes livres, qu’ils aient été distribués, présents en librairies quelque temps, on m’a ensuite rétrocédé mes droits d’auteur.
Et plutôt que de recommencer le processus avec un nouvel éditeur et procéder à une réédition pour voir encore mes livres accessibles si peu longtemps, j’ai décidé de me priver des quelques revenus de leur vente en version papier pour plutôt les rendre accessibles à tous, en tout temps et partout dans le monde grâce à l’Internet !
C’est maintenant le tour de mon Petit traité antidéprime, dont voici l’introduction.
Vous trouverez aussi dans mon blogue le contenu complet (et encore un petit peu amélioré) de ce livre de 368 pages qui m’a demandé deux ans de recherches et de rédaction à temps plein.
Ça fait donc beaucoup de longs articles que j’ai le plaisir de vous offrir aujourd’hui sur mon blogue !
Prêts ? Alors voici mon Petit traité antidéprime !
Le sujet de mon livre est consacré à une question qui intéresse intimement chacun de nous: comment pouvons-nous améliorer les conditions de notre existence, comment pouvons-nous être plus heureux ?
Il nous arrive souvent de mal réagir aux événements tout simplement parce que nous ne les comprenons pas et, à plus forte raison, parce que nous ne savons pas comment y faire face de manière appropriée.
Or, nos réactions négatives finissent inévitablement par nous rendre malheureux.
Nous sommes plus alphabétisés et plus instruits qu’autrefois, mais ce progrès reste limité dans son contenu et ne touche pas à certains aspects très importants.
Nous considérons que le fait de savoir lire, écrire et compter est indispensable pour accomplir nos activités quotidiennes.
Ces habiletés que l’on nous a enseignées nous procurent des avantages indéniables.
Pourtant, nous laissons aux hasards de la vie le soin de nous apprendre à respecter les autres, à redresser nos raisonnements erronés et à découvrir la source de nombreux malentendus.
Nous nous développons ainsi sans que jamais personne ne nous explique comment fonctionnent nos processus mentaux, ceux-là même qui régissent notre vie de tous les jours, nous permettent de réfléchir à ce qui nous arrive, de l’évaluer, de l’interpréter, d’interagir avec autrui, bref, d’accomplir toutes ces activités qui définissent ce que nous appelons « vivre ».
La vie n’est pas simple et les occasions d’être malheureux sont très (trop) nombreuses…
Nos expériences façonnent notre existence, mais les systèmes d’éducation n’abordent pas, ou si peu, les plus importantes, comme celles qui consistent à raisonner, à éprouver des émotions ou à entrer en relation avec d’autres personnes.
Cependant, bien qu’elle semble moins pratico-pratique que la capacité de lire ou de compter, l’aptitude à mieux comprendre le fonctionnement de notre cerveau comporte des avantages incontestables dont nous pourrions profiter quotidiennement: une plus grande motivation, des relations plus harmonieuses avec les autres, la capacité d’analyser et de comprendre les événements de manière plus nuancée et, surtout, une capacité d’évaluation accrue, fort profitable lorsque vient le temps de prendre les décisions cruciales que nous devons prendre au cours de notre vie.
Dans les pages de mon livre, je vous invite à effectuer une exploration passionnante qui vous conduira à mieux comprendre qui vous êtes en tant qu’individu ainsi qu’à mieux saisir comment vous raisonnez, comment vous interprétez les situations de la vie quotidienne et comment vous entrez en relation avec les autres.
En examinant ces différents aspects, nous verrons comment il est possible de faire naître et perdurer le bonheur en soi-même.
Mon propos pourrait se résumer comme suit: voyons comment nous pouvons être bien avec nous-mêmes et avec les autres et essayons de mieux comprendre la vie.
À elles trois, ces clés ouvriront les portes d’une véritable amélioration des plus petits détails de votre quotidien.
C’est de ce « mode d’emploi » absolument fondamental qu’il sera question.
Un bonheur vraiment accessible ?
De tous les temps, par tous les moyens, dans toutes les langues, l’être humain a continuellement décrit un état qui lui semblait idéal: le bonheur.
Bien sûr, cette notion n’a pas toujours existé avec la même précision qu’aujourd’hui et une grande quantité de termes ont été utilisés pour y référer.
Parfois relié à l’amour, d’autres fois à la béatitude religieuse, le bonheur a tenté les philosophes dans leurs écrits et a emprunté tous les visages, celui de l’art et de l’argent jusqu’à celui des paradis artificiels.
Des religions, des rituels ont tendu vers cette harmonie.
Ces régimes parfois austères étaient une manière de répondre à certains besoins psychologiques et affectifs essentiels, comme la valorisation et l’adhésion à un groupe.
Cela donnait surtout l’impression d’être utile dans le monde et la société, ce qui permettait de mieux comprendre le vaste mystère d’une existence devenue tout à coup pleine de sens.
De manière plus ou moins concrète, la quête humaine est devenue celle du bonheur, d’un bonheur intense, constant et irréductible. Mais cette tentative demeure irréalisable dans la mesure où la notion de bonheur, telle qu’elle est ainsi définie, ne décrit simplement pas la réalité.
La sagesse populaire n’a-t-elle pourtant pas remarqué qu’aucun être humain, du plus riche au plus réalisé, n’a jamais atteint un tel état de joie de manière durable ?
N’avons-nous pas constaté que le bonheur dont il s’agit consiste surtout en une collection de moments de nature variable, habituellement courts, qui ponctuent agréablement nos vies de façon sporadique, imprévisible ?
Par exemple, un tel bonheur semble bien à l’œuvre pendant la passion amoureuse, la réalisation d’un projet sur lequel nous avons mis quantité d’efforts, la nouveauté et la détente que prodiguent les voyages.
Mais ces états sont heureux justement parce qu’ils ne sont pas constants.
Le bonheur dont je parlerai n’est pas celui qu’on imagine habituellement, car un état d’euphorie ou de satisfaction constante n’existe tout simplement pas.
Et, pour ajouter une difficulté, ce bonheur devrait rester absolument insaisissable puisqu’il varie avec chaque personne !
Ainsi, gagner le gros lot à la loterie peut permettre de rendre quotidiens des moments qui restaient trop rares.
Avoir la possibilité, quand on le désire, de boire de très grands vins, de voyager continuellement, de se délasser, tout cela ne mène pas à un état constant de bonheur: le plaisir intense ne se fait sentir qu’au début.
Nous nous habituons aux nouveaux états, aussi agréables qu’ils soient, et c’est pour cette raison que les moments intenses de bonheur ne sont possibles que pendant de courtes périodes.
Il est même intéressant de constater que, sur le plan de la chimie du cerveau, ces moments d’exaltation intense découlent du travail de molécules particulières, les neurotransmetteurs tels que l’endorphine, l’adrénaline, la dopamine et la sérotonine.
Sans certaines de ces substances, aucune euphorie ne serait ressentie.
Cependant, et dans ce cas comme dans celui des drogues, le corps ne peut constamment entretenir cet état exceptionnel, la production et l’effet de ces substances sont restreints.
Ainsi, la limite de notre « bonheur » est simplement physique.
Nous oublions rapidement que c’est la rareté de ces moments qui en fait l’intensité.
Avec un bonheur constant, notre corps se désensibiliserait vite à l’état d’euphorie naturelle.
De même, en affirmant qu’il n’y a pas d’amour heureux, le poème d’Aragon (devenu maxime populaire) rappelle par la même occasion cet aspect tellement circonstanciel qui aide à faire naître la passion amoureuse, accroissant sa force et sa beauté.
Le bonheur défini comme un état d’euphorie et de satisfaction constante semble ainsi constituer notre but principal.
De manière générale, il s’agit de l’espoir d’améliorer notre sort.
Mais de quelle manière devons-nous procéder ?
La quête incessante (et éternelle) du bonheur
Aussi loin que nous étendions notre regard sur l’histoire, nous voyons poindre la quête du bonheur.
Quelque trois siècles avant notre ère, le philosophe Épicure a d’ailleurs écrit ceci dans les Lettres à Ménécée: « Il faut donc étudier les moyens d’acquérir le bonheur, puisque quand il est là nous avons tout, et quand il n’est pas là, nous faisons tout pour l’acquérir. »
Des stoïciens à aujourd’hui, il s’agit toujours de l’eudémonisme, de la recherche du bonheur.
Mais la manière d’y parvenir que je propose ici est bien différente de tous les moyens dont Épicure disposait à son époque…
Plus près de nous, la conception populaire du bonheur prend souvent le visage de la santé, du confort matériel et de la richesse.
Malheureusement, très peu de ces éléments dépendent de ce que nous sommes et de nos valeurs personnelles.
Ils se définissent essentiellement à travers une reconnaissance extérieure: combien d’argent nous gagnons, qui nous fréquentons, quelles nouvelles innovations technologiques nous venons de nous procurer, etc.
Contrairement au bonheur évoqué par Épicure, ce bonheur-là n’est pas celui de la mesure mais plutôt celui de l’excès.
Parmi les « heureux » qui comblent facilement leurs besoins primaires, qui bénéficient d’une foison d’activités et d’événements culturels, plusieurs ne voient pas où la vie les mène et restent profondément insatisfaits sans pour autant savoir quoi faire pour améliorer leur sort.
Cela montre à quel point le bonheur ne dépend pas de la richesse ni de la popularité (ou d’autres facteurs essentiellement extérieurs) mais de nous-mêmes.
C’est pour cette raison que nous devons apprendre à développer des habiletés intérieures aptes à faire contrepoids à la pression que les valeurs sociales exercent sur nous.
Le problème ne réside pas tant dans la nature de ce que la société valorise.
Des valeurs telles que la réussite professionnelle peuvent très bien rendre heureux beaucoup de gens.
Le danger se situe plutôt dans la manière dont nous adoptons ces valeurs, souvent sans aucunement analyser leur pertinence par rapport à nos propres goûts.
Par exemple, si l’on nous dit pendant notre enfance que le mariage rend profondément heureux, il se peut bien que l’avenir nous le confirme.
Mais si nous adoptons cette croyance et que nous avons la malchance de vivre une union difficile s’achevant par un divorce, nous risquons d’être encore plus déçus que si nous n’y avions pas cru.
Si nous suivons le courant en ne nous fiant plus qu’à ce que pense le plus grand nombre, il devient extrêmement facile de perdre pied, de ne pas comprendre où nous allons.
Bien sûr, ce phénomène est normal: nos activités, les gens que nous fréquentons, les médias expriment sans cesse certaines valeurs.
Il est naturel de finir par les assimiler.
Mais si toutes ces variations du plaisir ou de la reconnaissance peuvent parfois nous rendre heureux, elles n’assurent pas pour autant notre bien-être.
Je vais maintenant résumer la définition du bonheur que j’ai entamée.
Il ne peut s’agir de simples valeurs sociales ni d’un état d’euphorie constant puisque notre organisme ne le permettrait (malheureusement) pas…
Chaque personne élabore sa propre définition du bonheur selon ses expériences et ses intérêts, et cette définition prend souvent une forme idéale, absolument irréaliste parce qu’impossible à maintenir constante.
Que reste-t-il ? Comme vous le constatez, tenter de définir le bonheur de manière universelle s’avère plutôt ardu.
C’est cette erreur que nous commettons fréquemment lorsque nous le définissons par des caractéristiques générales, comme être aimé, riche, etc.
Dans mon livre, je vous présenterai un bonheur qui prend forme à travers des dispositions absolument personnelles.
Au lieu d’un idéal, il s’agira plutôt d’un contexte, d’un état d’esprit fonctionnel lié à la manière dont nous utilisons le sens dans notre vie.
Et s’il reste vain de tenter une explication unique qui engloberait toutes les formes du bonheur, il est possible d’identifier ce qui s’impose à l’origine: la compréhension, puis la maîtrise des processus psychologiques et des comportements qui permettent de nourrir, pour nous-mêmes, le terreau fertile dans lequel pourra éclore notre propre expérience du bonheur.
Maintenant que j’ai défini le bonheur avec autant de réserves, vous êtes en droit de vous demander de quel état il peut bien s’agir…
À la différence, donc, d’un bonheur illusoire et toujours intense, je parlerai d’un autre bonheur.
Ce bonheur sera un état stable de bien-être et d’harmonie avec soi-même, avec les autres et avec la majorité des événements de notre vie.
Dans les articles qui suivent, je vous expliquerai certains éléments fondamentaux qu’il est nécessaire (ou utile) de comprendre pour parvenir à cet état et l’entretenir.
Ce bonheur, réalisable celui-là, deviendra en quelque sorte prévisible, contrôlable.
Ces qualités le distingueront des moments de plaisir ou d’euphorie qui, pour plus agréables et plus inattendus qu’ils soient, restent impossibles à anticiper, à maîtriser véritablement, et ne durent surtout jamais très longtemps…
Si cet article vous a plu, sachez qu’il est tiré de mon livre Petit traité antidéprime. Vous pouvez vous le procurer en version ebook pour le lire en entier.
N’hésitez pas à laisser vos commentaires plus bas, ici ou dans les prochains articles !
Merci de votre intérêt ! 🙂
Jamina Raben a écrit
Merci pour votre engagement et votre altruisme. J’ai hâte de lire le livre en entier.
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci beaucoup de vos encouragements Jamina ! Je suis très heureux que mon livre vous intéresse et n’hésitez pas à partager vos commentaires dans les différents chapitres à mesure que vous lirez.
Haleema Rashid a écrit
Merci !
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci à vous de votre intérêt pour mon travail !
Anna a écrit
Quelle belle découverte je viens de faire là ! Scotchée par votre belle âme et la pertinence de tout ce que vous mettez en évidence, en lumière !
GRATITUDE ☀️☀️!
Merci Nicolas, merci infiniment
Anna
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci beaucoup Anna pour votre beau commentaire.
Vous m’encouragez à continuer à enrichir mon site ! 🙂
Nicolas
Maria a écrit
Merci beaucoup pour ce bel article, chaque fois que je me sens un peu triste ou déstabilisée par un événement, je me connecte sur votre site, je lis vos livres et je me sens vraiment apaisée. Comprendre le fonctionnement du cerveau est vraiment important car cela nous libère de tellement des fausses croyances.
Vous savez, la guerre en Ukraine m’a complètement déstabilisée, car c’est vraiment triste de voir tant des gens souffrir, en plus j’habite en Europe, je me sens si près de ces événements. C’est angoissant de voir que des gens si méchants existent.
Mais pour ne pas sombrer dans la déprime, j’ai arrêté de voir le journal télévisé, je préfère me concentrer sur les choses positives et agréables de la vie. Car malheureusement, je suis un simple être humain qui ne peut pas arrêter ce conflit. On ne peut que consoler les gens qui souffrent.
Enfin, qu’en pensez-vous de tout ça?
Merci pour toutes vos publications, vous avez changé ma vie ! et je viens vraiment de loin ! si vous saviez !
Nicolas Sarrasin a écrit
Merci pour votre commentaire Maria !
En effet, face à l’horreur d’événements tragiques comme la guerre en Ukraine, nous n’avons d’autre choix que de lâcher prise, puisque nous n’avons aucun contrôle sur ce qui se passe.
J’ai moi aussi cessé depuis un moment de suivre l’actualité. Les différents médias (incluant Internet) offrent aujourd’hui tant de “nouvelles” que le fait de suivre tous les petits détails de chaque événement ne nous apporte plus rien individuellement (à part de l’anxiété) et nous éloigne des actions qui peuvent être bénéfiques pour améliorer notre vie.
Par exemple, j’ai troqué mon temps de consultation de l’actualité pour de la lecture de livres de qualité qui me permettent de faire de véritables apprentissages.
Je vous souhaite le meilleur.
Maria a écrit
Merci beaucoup d’avoir pris le temps de répondre ! 🙂
Vous avez raison, le lâcher prise nous aide à ne plus essayer de contrôler des situations sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle.
Belle fin de semaine 🙂